dimanche 20 décembre 2009

La médiation journalistique au risque du numérique

La médiation journalistique au risque du numérique

Thierry Lancien
Université de Bordeaux 3
Imagines EA 2959

Revue MEI n°19
Médiations et médiateurs Marie Thonon (dir)


Si l’observation de sites d’information sur Internet permet de constater sur certains d’entre eux une baisse de la médiation journalistique au profit d’autre pratiques, il semble nécessaire de relier ce phénomène à ce qui se passe avec d’autres médias et à ce que peuvent être les représentations et les pratiques des publics concernés.


L’arrivée de l’information médiatique sur Internet et certaines de ses caractéristiques amènent à se demander ce que devient dans ce contexte la médiation journalistique. Un tel questionnement doit d’ailleurs s’ouvrir aux autres médias et à la question de leurs publics.

Internet, support d’information médiatique

Sans nous demander pour le moment si Internet est ou non un média à part entière, nous retenons pour examen les sites qui présentent des informations que l’on appellera médiatiques par distinction des autres informations présentes sur Internet (services, loisirs, connaissances). Sont ainsi considérés des sites portails (dont une petite partie est consacrée à l’information médiatique), des sites de radio, des sites de télévision et des sites de presse. Dans ces derniers, il faut distinguer les parties spécifiques à Internet de celles qui peuvent reprendre des éléments de la version papier, comme les Unes.

De la médiation à l’interaction

Le terme de médiation renvoie à une notion que l’on pourrait appeler « nomade » puisqu’elle migre facilement d’une discipline à une autre.

Dans le domaine journalistique et de manière générale, on peut considérer qu’il y a médiation chaque fois qu’un médiateur, s’interpose entre les informations des médias et leur destinataire. Le terme d’intermédaire, qui appartient à la même famille, rend bien compte aussi de ce que nous cherchons à désigner.

Pour être plus précis et si l’on considère, à la suite d’auteurs comme Eliseo Veron (Veron, 80) l’information médiatique, comme un processus de construction qui fait passer des évènements et des faits au statut d’informations, de nouvelles, à travers des opérations de choix, de hiérarchisation et de mise en discours, on peut alors distinguer deux grands types de médiation.

Il y aurait d’un côté les médiations qui interviennent dans la construction même de l’information et qui président au choix, à la hiérarchisation de celles-ci.

L’autre niveau de médiation serait celui qui intervient dans les mises en discours (linguistiques et iconiques) de l’information et dans leurs modes de présentation.

En ce qui concerne les premières, on doit se demander avec Thierry Vedel (Vedel 99) si les NTC annoncent « la fin des médiateurs », c’est à dire de « l’activité qui consiste à trier les dépêches des agences pour les présenter d’une manière hiérarchisée. »

A l’examen de nos sites, on constate que sur les sites portails (type Wanadoo, Yahoo, ou Tiscali), la tendance consiste effectivement à présenter les informations sans hiérarchisation. Sur les sites de presse, constamment actualisés, ce sont les dernières informations qui ne sont pas hiérarchisées tandis que les autres relèvent d’un traitement éditorial plus classique.

Le fait de ne pas proposer au cyberlecteur de hiérarchisation, ou encore de le laisser choisir à travers des moteurs de recherche (présents sur certains sites d’information) laisse croire que c’est désormais le cyberlecteur qui construit sa propre information . Certains auteurs parlent alors de « co-construction » de l’information (Lancien 2000) et l’une des formes les plus avancées de celle-ci serait l’existence de sites, comme celui de Google News ou de Crayon, qui permettent de se procurer une information entièrement à la carte, en fonction des goûts et des centres d’intérêt du cyberlecteur.

La médiation laisserait alors la place à ce que certains appellent l’intermédiation, qui consiste à travers des moteurs de recherche et des portails à sélectionner et à filtrer les informations en fonction des besoins des utilisateurs (Vedel 1999).

Si l’on considère maintenant le second niveau de médiation, celui des mises en discours et de la présentation des informations, un certain nombe de précisions s’imposent. Par médiation dans les mises en discours nous désignons le fait que le journaliste s’inscrit en tant que personne dans son discours, écrit ou oral, à travers des modalités diverses dont celles que les linguistes appellent modalités d’énoncé. Il s’agit alors pour l’auteur d’un énoncé, de le situer par rapport à la certitude, la vraisemblance, ou encore par rapport à des jugements appréciatifs. C’est donc ici toute une part de l’activité journalistique qui est en cause (mise à distance de l’information, analyse) et qui semble écartée sur un certain nombre de sites. Les sites portails par exemple, ou encore les sites de télévision vont privilégier les dépêches et donc une version « brute » de l’information. Sur les sites de presse, les articles complets tirés du journal vont coexister avec des dépêches qui correspondent aux nouvelles récentes et qui, le plus souvent, viennent directement d’agences de presse.

De la même façon les titres des dépêches se contentent de reprendre le début de l’information pour accentuer encore l’impression de neutralité que l’on veut donner. Car c’est sans doute bien de cela qu’il s’agit. Supprimer au maximum la médiation journalistique pour faire croire au cyberlecteur que l’information, brute, est forcément objective et qu’il peut, en dehors de toute logique éditoriale, être maître du jeu.

L’offre de produits informationels bruts, non traités, semble donc bien occuper une place non négligeable sur Internet et elle touche directement à la question du médiateur car comme le fait remarquer Peter Dahlgren (Dahlgren 1998): « Il est possible que sur Internet le métier de journaliste au sens traditionnel du terme soit de plus en plus remplacé par des « infolibraires » ou des « cyberchercheurs » évacuant du coup les dimensions actives, créatives et critiques du journalisme ».

S’il y a une baisse de la médiation au niveau des énoncés informatifs eux mêmes, on peut aussi avancer qu’il y a un déficit de médiation à un niveau plus large qui est celui du support. Deux cas au moins sont alors à considérer. Soit il s’agit de sites portails qui ne consacrent qu’une petite partie à l’information médiatique qui est alors coupée de tout ce que peut être le contexte énonciatif, d’un journal, d’un JT ou d’un journal radio. L’information y apparaît en quelque sorte désincarnée et comparable à d’autres produits informationnels présents sur le site (informations de services, de tourisme). Soit il s’agit d’un site spécifique d’information (sites de télévision, de radio ou sites spécifiques de presse) et c’est alors l’existence des liens avec d’autres sites qui va faire éclater la médiation d’habitude prise en charge par le média considéré et ce qu’on peut appeler son système méta énonciatif. En quittant un site pour un autre, le cyberlecteur échappe à la médiation générale qu’établit habituellement un média et ce d’autant plus qu’il va souvent consulter des énoncés qui par le jeu des pages écrans vont être décontextualisés (Lancien 2000B).

A côté de la médiation discursive que nous venons d’évoquer, existe bien sûr la médiation humaine incarnée par la présence d’un journaliste : présentateur de télévision ou journaliste de la radio. On notera à cet égard qu’Internet est pour le moment plus un média du texte que de l’image et du son et qu’il est donc normal que la question de la présentation humaine s’y pose moins qu’à la télévision ou à la radio.

La mise en avant du dialogue

Si la médiation journalistique est donc incontestablement en baisse sur les sites qui présentent des informations non hiérarchisées et brutes, ce sont par contre le dialogue et l’interaction qui sont mis en avant. Tout se passe comme si le médiateur s’effaçait, pour mieux laisser le cyberlecteur s’exprimer. Les modalités d’énoncé font en quelque sorte place à des modalités d’énonciation et le destinataire est alors interpellé. La rubrique Actualité du site Wanadoo, comprend ainsi un espace où on trouve une rubrique intitulée « Vous avez la parole » sous laquelle se trouvent les énoncés : « Réagissez à l’actualité, Discutez en direct, Choisissez votre débat ». Les dispositifs de cette communication sont les forums, t’chats et listes de diffusion. Il y aurait évidemment fort à dire sur le fait que ces moyens de communication qui sont présentés comme transparents relèvent en fait de processus de médiatisation qui peuvent être complexes, mais tel n’est pas notre propos dans le cadre de cet article.
Il convient par contre de bien souligner qu’à travers cette offre de discussion, les sites en question veulent mettre en avant toute une série de valeurs qui seraient propres à Internet, comme la participation, l’interaction ou encore le partage d’opinions.

Philippe Breton (Breton 2000) a bien analysé ce système de valeurs et l’on pourrait aussi montrer que les notions de pactes ou de contrats de communication mises en place par un certain nombre de chercheurs (Veron, 1985) sont opératoires dans ce cas. A propos d’une comparaison entre les sites du Monde et de Libération, Igor Babou (Babou 2003) fait remarquer qu’on aurait « d’un côté (Libération) les valeurs de la participation et de l’interactivité dans un espace peu hiérarchisé, de l’autre (Le Monde), les valeurs de l’objectivité journalistique et du contrôle du débat par les experts ».

C’est bien parce que ces sites prétendent donner une place nouvelle au destinataire dans la communication médiatique, que certains auteurs croient celui-ci investi de pouvoirs nouveaux et parlent d’automédiation. Jean-Louis Weissberg (Weissberg 1999) peut ainsi avancer qu’il « est frappant de voir se généraliser, dans une forme d’espace public, une auto-médiation automatisée dont on a pas fini de découvrir la puissance parce qu’elle traduit un profond désir d’accroitre notre force d’intervention pratique et relationnelle en profitant des formidables automates intellectuels mobilisables à distance par le réseau ».

Là où certains voient donc dans les dispositifs que nous venons d’évoquer une nouvelle chance pour le débat dans l’espace public, d’autres au contraire comme Dominique Wolton (Wolton 1997) pensent que ce sont les médiateurs qui sont les « agents de la démocratie » et les défenseurs de l’espace public.

Pour mieux comprendre les termes de ce débat, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que la question de la participation du destinataire et de l’interactivité n’est pas nouvelle dans les médias et les technologies qui sont liées à ces derniers. Les développements du câble ont par exemple été accompagnés, comme le montre un travail de Serge Proulx et de Michel Sénécal réalisé à l’époque (Proulx, Sénécal 1995) de tout un ensemble d’espoirs dans les vertus interactives et participatives de celui-ci. De manière plus générale, la radio, comme la télévision n’ont cessé de chercher à impliquer le destinataire à travers des dispositifs d’interaction. Que l’on se souvienne par exemple du rôle que l’on a voulu faire jouer au Minitel, pour sonder les opinions au moment d’une émission télévisée ou pur évaluer la prestation d’un invité à un débat (« L’heure de vérité »).

Une véritable généalogie de ces questions rendrait sans doute très prudent. En tout cas, si la puissance technologique évoquée par Weisberg est bien réelle, on peut douter qu’elle puisse à elle seule engendrer des pratiques médiatiques complètement nouvelles qui mettraient le cyber destinataire au centre des médias. Une telle hypothèse reviendrait à faire fi des pratiques sociales et culturelles qui entrent ou non dans un processus dynamique avec la technologie.

De nouveaux usages des médias

C’est bien pourquoi, il nous faut pour mieux comprendre ce qui se passe et pourrait se passer en termes de médiation sur Internet, référer ces questions à l’environnement médiatique actuel.

On peut alors constater que la baisse de médiation évoquée précédemment se retrouve en fait sur d’autres médias. Le cas des journaux gratuits est à cet égard intéressant, car il nous semble illustrer cette bipolarité évoquée à propos des sites de Libération et du Monde. D’un côté en effet un journal, Vingt minutes, qui maintient une assez forte médiation dans la hiérarchisation de l’information, le rubricage, la médiation discursive (titres, articles rédigés), tandis que l’autre, Métro, se dégage du modèle habituel de la presse écrite pour proposer une information qui n’est pas sans rapport avec celle d’Internet que nous évoquions tout à l’heure : peu de hiérarchisation, dépêches, titres neutres.

Ce qui est ici constaté au niveau d’un type de presse écrite, pourrait aussi l’être au niveau de certaines radios. On pense évidemment au cas de l’information en continu et plus précisément à celui de France Info. Andrea Semprini (Semprini 1997) a ainsi bien montré qu’en tant que media de flux, France Info élargit considérablement la gamme des informations (par rapport aux critères traditionnels des médias) et « déhiérarchise l’information, en attribuant à toutes les nouvelles sinon la même valeur et la même importance, du moins la même dignité et les mêmes droits ». Nous retrouvons donc cette baisse de médiation dans la construction de l’information, déjà rencontrée sur Internet. L’analogie avec Internet va d’ailleurs plus loin, car comme sur les sites, la parole du journaliste est en retrait par rappport à celle des experts et témoins autorisés derrière lesquels il s’efface. La neutralité intonative, un certain type de débit, le caractère interchangeable des voix, sont aussi là pour éviter la personnalisation et donc certains de ses effets en termes de médiation.

Du côté de la télévision, le cas des journaux télévisés tout en images est évidemment intéressant. En renonçant à une forme sacro-sainte de la médiation qui est celle de la présence à l’écran d’un présentateur, ces journaux font un pari audacieux. Certes la médiation prend d’autres formes, comme celles des titres qui reviennent identiques à chaque édition sur le tout en images de M6. Pour ce qui est du tout en images d’Arte (maintenant remplacé par un journal avec présentateur), Jean-Michel Utard (Utard 1994) avait aussi pu faire remarquer que les titres français plus incitatifs que les titres référentiels allemands traduisaient la présence de l’instance énonciative de la chaîne et son souci d’établir une certaine médiation. Cela étant, le choix d’un journal tout en images paraît difficile puisque Arte a finalement abandonné ce type de formule. La permanence de celui de M6 montre de son côté l’attachement d’un certain type de public à cette formule qui est bien sûr à rapprocher de France Info et d’Internet.

La question des publics

Les constatations faites jusqu’à maintenant doivent en effet être mises en relation avec la question du public, de ses représentations et de ses pratiques.

La question de la baisse de la médiation journalistique classique sur certains supports, ne peut pas n’être mise en rapport qu’avec des caractéristiques technologiques et médiatiques.

En termes de représentations, il semble clair que ce sont des publics spécifiques qui envisagent de se passer de médiation. Pour ce qui est d’Internet, Nicolas Pélissier (Pélissier 2002) a raison de faire remarquer que c’est « une minorité active sur Internet, héritière des bourgeois encyclopédistes qui peut se passer des journalistes, puisqu’elle sait de manière autonome, sans avoir besoin de médiateurs institués, obtenir l’information personnalisée qui lui convient ». On pourrait y ajouter le public qui partage les valeurs d’une cyberculture largement diffusée par des discours d’accompagnement qui mettent en avant les notions d’échange, d’interactivité, de partage.

Le fait de se passer de médiation sur des supports télévisés, radio ou de presse doit aussi correspondre chez certains publics à des sytèmes de valeur où sont mis en avant l’objectivité, la transparence, le contact direct avec la prétendue réalité du monde. Les informations brutes d’Internet, mises à jour en permanence, les photos témoignages à peine légendées, viendraient donc s’inscrire dans toute une tradition du direct à la télévision et dans l’héritage plus récent de l’information en continu (CNN, LCI).

Il est fort possible aussi que les médias qui diminuent la médiation viennent satisfaire des publics qui déclarent régulièrement, à l’occasion d’enquêtes comme le « baromètre » annuel Télérama-La Croix-Sofres, douter de l’objectivité des journalistes. Ce phénomène semble marqué chez les jeunes (55% en 2002 ne font pas confiance aux journalistes), ce qui, parmi d’autres raisons, pourrait expliquer leur attirance pour les journaux gratuits. On notera aussi que dans l’enquête 2002 (Télérama, n°2716, 30 janvier 2002) c’est France Info qui est perçue comme la radio la plus crédible, ce qu’on peut metttre en relation avec ses spécificités que nous évoquions précédemment.

Le phénomène de la baisse de la médiation pourrait d’autre part être rattaché à la question de l’offre d’information, notamment sur Internet. Sur les sites portails, tout se passe en effet comme si l’information médiatique était mise sur le même plan que le autres informations du type : services, loisirs, voyages. Le contrat médiatique qui lie un média à son destinataire semble donc s’effacer et l’information médiatique apparaît alors comme un produit comme un autre qui doit être rapidement accesible et facile à consommer. On comprend dès lors que la médiation journalistique n’ait plus ici sa place. C’est en tout cas ce que constate Peter Dahlgren (Dahlgren 1998) lorsqu’il écrit : « De plus en plus, les médias viennent brouiller la frontière entre ce qui relève du journalisme et ce qui n’en relève pas. (..). Les frontières entourant ce qui mérite l’étiquette de journalisme sont rendues de plus en plus floues par l’abondance d’informations facilement accesssibles ».

On peut d’autre part penser que les pratiques médiatiques (au sens d’usages quantitatifs et qualitatifs des médias) jouent un rôle important par rapport aux questions que nous traitons.
Les rapports entre le temps des médias et celui de leurs destinataires sont essentiels. Comme le fait remarquer Andrea Semprini (Semprini 1997) il y a un double mouvement qui fait que les gens ont à la fois beaucoup moins de temps qu’avant, ce qui leur rend difficile des rendez vous fixes avec l’information. Le succès de France Info s’explique évidemment ainsi. Mais en même temps, grâce aux différents moyens de communication, ils peuvent être de plus en plus souvent en contact avec l’information. Les caractéristiques que nous avons précédemment évoquées : déhiérarchisation, neutralité, effacements énonciatifs se comprennent alors mieux.

Il faut sans doute ajouter, après avoir rappelé bien sûr que « l’ordinateur reste pour l’instant un média discriminé socialement » et dont la progression n’est pas comparable à celle de la radio et de la télévision à leurs débuts (La documentation française, 2000) que certains publics ont un usage de plus en plus diversifié des médias. Dans ce cas et à côté de la lecture d’un journal à médiation forte, une radio d’information en continu ou Internet seront, selon les opportunités de lieux et de temps, perçus comme de simples médias complémentaires où la médiation serait superflue.

La médiation inhérente aux médias

Si la baisse de la médiation sur Internet est comme nous l’avons vu à relativiser et à resituer à la fois par rapport à ce qui se passe sur les autres médias et par rapport aux représentations et pratiques des publics, on peut sans vouloir faire de prospective, se demander ce qui risque de se passer dans l’avenir.

Une première hypothèse forte consiste à considérer l’évolution des médias sous l’angle des hybridations. Plutôt que de croire à l’élimination d’un média par un autre, ou à sa toute puissance, ce que contredit bien sûr l’histoire des médias, il vaut mieux envisager les emprunts, les glissements, qui peuvent se faire de l’un à l’autre.

On peut par exemple penser avec Peter Dahlgren (Dahlgren 1998) que perdurera : « La tendance traditionnelle du journalisme de raconter des histoires ». Tendance « qui aide à remettre les évènements dans leur contexte » et qui représente donc bien une forme de médiation. Le même auteur considère cependant que « les histoires racontées par les journalistes se verront enrichies par un large flot d’informations électroniques », ce qui nous amènera à être « témoins de l’émergence de nouvelles formes plus spécialisées d’info journalisme ».

A côté de ce premier apect, il semble probable aussi que la forte ritualisation de la communication médiatique qui a mis en place des modèles et des cadres d’interprétation de la réalité, ne soit pas sur le point de décliner. On peut peut être risquer ici une hypothèse qui serait que la baisse de médiation que nous avons rencontrée sur Internet, plus qu’une originalité, serait le fait d’un média trop jeune pour avoir encore trouvé des dispositifs accomplis. A cet égard, il est frappant de constater que les concepteurs du e-learning ont d’abord cru pouvoir ignorer la médiation au profit d’une médiatisation des contenus. Ils ont finalement été obligés de faire marche arrière pour remettre au centre de leurs dispositifs, la médiation humaine.

Celle-ci est peut être finalement inhérente aux médias, si on considère ces derniers non pas comme de simples supports mais bien comme des instances qui offrent une capacité à construire l’information, à analyser les évènements et à les mettre en perspective.

L’autre versant serait celui de la transparence, du direct, du continu, mais on peut alors se demander s’il ne s’agit pas là d’un mythe entretenu par les promoteurs des nouveaux médias, dont Internet, plutôt que d’une réalité sociale et culturelle.

Babou I., (2003) Du papier à l’écran : modalités énonciatives in Barbot MJ., Lancien Th., Médiation, médiatisation et apprentissages, Notions en questions n°7, Lyon, ENS Editions
Breton P., (2000) Le culte de l’Internet, Paris, La Découverte
Dahlgren P, (1998) Cyberespace et logique médiatique : repositionner le journalisme et ses publics in Proulx S., Vitalis A., Vers une démocratie simulée : médias, réseaux et mondialisation, Rennes, Apogée
La documentation française (2000) Médias : promouvoir la diversité culturelle, Commissariat général au Plan, Paris
Lancien Th., (2000) dir, Multimédia, les mutations du texte, ENS Editions
Lancien Th., (2000 B) Du récepteur à l’interacteur sur Internet : la co-construction des messages d’information, in La Télévision, Etudes de linguistique Appliquée, n°117
Pélissier N., (2002) La plume dans la toile. L’identité des journalistes à l’épreuve des réseaux numériques, Médiamorphoses n°4, INA
Proulx S., Sénécal M., (1995) L’interactivité technique, simulacre d’interaction sociale et de démocratie, in Technologies de l’information et société (TIS) vlo 7, n°2
Semprini A., (1997) L’information en continu, France Info et CNN, paris, INA Nathan
Utard JM., (1994) Arte ou les regards croisés in Les sciences de l’information et de la communication, Colloque de Toulouse, Sfsic
Vedel T, (1999). Nouvelles technologies de communication et nouveaux médias in Bertrand C-J., (dir) Médias, Paris, Ellipses
Veron E., (1985) L’analyse du contrat de lecture : une nouvelle méthode pour les études de positionnement des supports presse, in Les médias, expériences, recherches actuelles, applications, Paris, IREP
Veron E., (1980) Construire l’événement, Paris, Seuil
Weissberg JL. (1999), Présences à distance, Paris, L’Harmattan
Wolton D., (1997) Penser la communication, Paris, Flammarion

dimanche 15 novembre 2009

Domaine public de l'information et des connaissances

“ Pour un domaine public de l’information et des connaissances ”
Entretien avec Philippe Quéau, Directeur de la Division de la société de l’information de l’Unesco par Thierry Lancien in Quand les images rencontrent le numérique, Revue Médiamorphoses, n°6, novembre 2002


Ne pensez vous pas que certains ont tendance à exagérer le caractère révolutionnaire du numérique et que la comparaison avec la révoultion de l’imprimerie est abusive ?
Je crois que nous vivons aujourd’hui une véritable révolution. Ce n’est pas simplement un mythe technologique mais c’est une révolution scripturaire à l’importance comparable à celle de l’imprimerie. C’est par exemple bien plus que le télégraphe.
La meilleure façon de caractériser ce changement étant de considérer que nous pouvons désormais créer des mondes à côté du monde existant et que ceux ci peuvent qui plus réels que celui-ci.
Nous avions l’habitude en mathématique ou en physique d’utiliser des modèles mais ce n’est pas la même capacité opératoire Les modèles d’alors étaient réservés à quelques cerveaux d’élite alors que les modèles de simulation ont un caractère plus pratique, tactique. Je crois qu’Internet n’est qu’un aspect d’un mouvement beaucoup plus profond qui n’est pas que technologique.


N’ a-t-on pas intérêt à penser les choses en termes de complémentarité ? A l’heure actuelle le numérique, ce n’est pas que les mondes virtuels. N’assiste-t-on pas plus modestement à des hybridations ? Par exemple les médias sont en train de s’hybrider ?

On peut effectivement reconnaître différentes sortes d’images, de simulations et de réalités. On peut distinguer différentes manières de combiner le réel et le virtuel. La réalité virtuelle ce sera une image de synthèse en 3D dans laquelle on pourra se déplacer. La réalité augmentée ce sera un mélange de réalité et de virtualité. On pourra augmenter le réel même par des formes de virtualisation pour augmenter notre perception du réel. La réalité mixte. Il y a un continuum de types d’images, d’espaes de virtualités, de réalités qui auront des statuts ontologiques tout à fait différents mais également avec des capacités soit ludiques, soit cognitives. Il faut faire l’effort de les classer, de les distinguer.
Donc il ne s’agit pas simplement d’opposer le réel et le virtuel de manière simpliste. Il y a une grammaire de l’image qui est en même temps une grammaire de la réalité. C’est la réalité même qui devient de plus en plus difficile à épingler. Pour moi virtuel, simulation, réalité sont autant de symptomes d’une nouvelle complexité à l’œuvre qui n’est pas qu’une complexité iconique mais aussi de la modélisation. Le modèle mathémaique qui est sous jacent à l’image est beaucoup plus important encore que ce qu’il donne à voir.
Il est loin le temps où l’on pouvait distinguer le réel même et l’image. Les images sont devenues plus réelles que le réel. En tout cas pour le bombardier. Ce sont ces nouveaux statuts qu’il est important de garder en tête si l’on ne veut pas se perdre dans ce labyrinthe. Il s’agit d’un labyrinthe de représentations de natures diverses. Il faut s’habituer à cette complexité là faute de quoi nous serons des néo analphabètes, des néo prolétaires.

Quels sont aujourd’hui les champs d’application où l’image numérique vous semble se développer de la manière la plus significative ?
Dans le monde de l’animation classique le 3D a gagné. Il coûte moins cher que le 2D ce qui était tout à fait inimaginable il y a quelque temps. En matière de production tout venant si vous comparez le coût de Loft Story où la chair à images est quasiment gratuite, la concurrence est évidemment difficile. Par contre lee chiffre d’affaire des jeux vidéo est considérable. L’image de synthèse a donc conquis ses lettres de noblesse. On la trouve partout. Dans les applications du loisir ou du travail, les images numériques sont largement supérieures aux images analogiques. L’image de synthèse va encore s’étendre et envahir notre vie. On aura des navigateurs dans nos voitures.
Ce ne sont d’ailleurs pas uniquement des raisons économiqes qui expliquent ce développement.. Comme l’image numérique échappe au réel, qu’elle est à base d’abstraction, on a du même coup une ruture épistémique. C’est une révolution fondamentale car jusqu’à maintenant l’image était à base d’interactions avec le réel (l’image du peintre avec les pigments, l’image électronique aussi c’est une interaction électronique entre ue surface photo et ne excitation réelle) alors que pour la première fois on peut créer des images avec des modèles mentaux, des abstractions mathématiques ou logiques. Dans les applications c’est extrêmement important car on n’est plus attaché à la matérialité iconique. Les images de synthèse sont faites de langage et c’est cette origine langagière de l’image qui est révolutionnaire.

Ce langage est un type de langage, c’est le langage informatique. N’est-il pas gênant de metttre trop en avant cette particularité en oubliant comme certains que ces images sont ensuite inscrites dans des discursivités sociales et que c’est sans dote le plus important ?
Bien sûr mais ce qui est au cœur de la révolution scripturaire c’est bien cela. Même si c’est un langage formel, pas aussi souple que le langage naurel, il est d’une très grande puissance. Ce n’est d’ailleurs pas un langage informatique, c’est un langage mathématique. Or le monde est mathématique. C’est avec les mathématiques qu’on a envoyé des hommes sur la lune ou que l’on soigne le cancer. Cela rejoint d’ailleurs une très vieille intuiton, celle de Pythagore qui le premier a dit que le monde était numérique. Il y a donc là une très ancienne tradition philiosophique qu’il ne faut pas éloigner d’un geste de la main en nous accusant d’être de simples technologues.

On a surtout parlé d’images de synthèse mais il y a aussi tout le domaine de la numérisation par exemple des peintures. On est souvent surpris par la pauvreté de ces produits. Ce n’est pas parce qu’on propose un peu d’interactivité qu’on serait dans un nouveau mode de rapport à l’image.
Nous démarrons à peine mais la gamme de possibilités ne va pas cesser de s’étendre. Nous alllons avoir de multiples façons de parler ce nouveau langage. Effectivement il y a à un bout de l’échelle des applications assez simples mais on ne peut pas en tirer de conclusions sur ce qui va se passer.
On a effectivement tendance à confondre différents niveaux d’interactivité. Naviguer sur le web, ce n’est pas de l’interactivité. La capacité d’agir dans le cadre d’une simulation est par contre une véritable interaction. Poser un avion pesant plusieurs dizaines de tonnes sur un porte avion, est une forme d’interaction ave le monde sophistiquée. L’interaction devient alors plus performante que dans le réel même. Certes ce sont de petits mondes mais cela montre qu’on peut aller très loin dans la simulation et dans l’interaction. Si l’on parle d’interaction, il faut donc envisager la gamme ainsi couverte. Ce qu’on voit dans les musées est effectivement très pauvre mais si l’on voulait envisager cette question correctement, il faudrait voir ce qu’on peut faire dans un musée avec autant d’argent qu’en disposent les militaires. Notre civilisation sera peut être capable de créer un jour des applications artistiques.

La numérisation permet, notamment grâce au réseau, une circulation extraordinaire de ces images. Est ce que l’un des risques n’est pas que cette circulation soit contrôlée par quelques grands groupes et que se renforcent ains des monopoles ?
Le phénomène des monopoles s’accentue avec le phénomène des rendements croissants. Cependant cela n’a rien de très neuf car à toute époque on a eu des phénomènes équivalents. Le pouvoir va au pouvoir, l’argent va à l’argent. Dans le domaine des réseaux, on retrouve cette même tendance à renforcer ce qui est fort. Et c’est particulièrement vrai dans le cas d’Internet. On nous a promu Internet comme un réseau déconcentré, alors qu’Internet est extrêmement concenté dans sa sructure topologiqe au niveau du monde.
Quand on regarde la concentration des échanges téléphoniques, elle est très nette et pour des questions de rendement croissant.
Ces phénomènes sont vrais dans le domainde des réseaux, dans celui des logiciels (confer Microsoft) et vrais également dans le domaine d’application des banques d’images. On va effectivement vers des monopoles.

Comment imaginez vous l’accès à ces images dans l’avenir ? Cela pose la question de la gratuité ou au contraire de la tarification ?
Il va y avoir une bataille considérable et il y a un véritable danger. Désormais il devient pénalement condamnable de charger des fichiers protégés, propriétaires. De nouvelles formes de clôture du domaine public ou du librement utilisable sont en train de se mettre en place. La privatisation de l’espace public, notamment en matière d’image, me paraît être une caractéristique de l’époque. Il y a là quelque chose de très inquiétant pour l’avenir.
Par ailleurs il y a un progrès terrible de la technique qui permettra d’identifier un fragment de phrase, une composante d’image que vous citez. Le scénario Big Brother n’est donc pas difficile à imaginer et tout sera donc désormais propriétaire. Cela aura un effet terrible au regard de la libre irculation des idées. Toute une tradition académique d’échange d’idées deviendra de plus en plus difficile.
On doit faire attention à la manière dont sont conçues les rêgles de la propriété intellectuelle et de ses finalités sociales. Qui cherche-t-on à protéger ? Pour quel intérêt social ? C’est un débat qui n’a pas lieu aujourd’hui ou qui est un peu confisqué par les spécialistes. Dans une société dite de la connaissance, le régime épistémique qui contrôle la propriété intellectuelle de la connaissance est fondamental. Si tout continue comme cela les images vont être de plus en plus difficile d’accès.

Ou alors à travers des mouvements associatifs et le mouvement alternatif ?
Le mouvement alternatif sera pourchassé et hors la loi. Aujourd’hi on n’envoie pas encore le FBI chez des adolescents qui téléchargent le MP3 mais cera le cas. La technologie intégrera les débuqueurs et le moindre appareil sera rempli de mouchards. Le moindre navigateur ira envoyer des cookies au commissariat du coin.

Comment depuis votre poste de l’Unesco envisagez vous les développements du numérique sur le plan culturel ? N’y-a-t-il pas un redoutable risque d’homogénéisation ?
Le danger pour la diversité culturelle est qu’il y a cet accroissement de la standardisation technique avec un monopole d’un bout à l’autre de la planète. Il y a donc la puissance de la norme, du standard. Il faut d’ailleurs reconnaître que si Internet marche bien, c’est parce qu’il y a un standard. Il suffit de se rappeler le temps des années 80 où chaque constructeur avait son petit standard, son petit réseau. Internet a transcendé cela. Les standards et les normes permettent des gains d’efficacité extraordinaires mais se payent très cher en excluant tous ceux qui ne sont pas dans la norme. Ce n’est pas simplement un débat technologique, c’est une question structurelle.

Ce sont en plus des normes qui font sens
Oui parce qu’on peut créer une pseudo diversité mais même si on considère qu’il pourrait y avoir une bonne volonté pour diversifier les langues, Internet encore aujourd’hui ne permet pas l’usage de noms de domaine autrement qu’en anglais. Il y a là un problème qui devra nous obliger à ue interrogation fondamentale sur ce que nous voulons entendre par diversité culturelle. Si l’on veut préserver la diversité culturelle, il faudra le faire en dehors de la sphère numérique. Il y aura sans doute un monde feuilleté. La planète Internet aura sa justification dans une certaine orbite d’application. Si l’on est vraiment sérieux sur la notion de diversité culturelle, il faudra complètement changer de registre à côté d’Internet C’est l’essence même du numérique que d’être unn rouleau compresseur. Si l’on veut en sortir, il faudra faire un effort perpendiculaire à Internet. Ce n’est d’ailleurs pas une mauvaise chose que d’imaginer plusieurs cultures. On peut imaginer que l’avenir consistera à naviguer entre différents systèmes culturels et en imaginer à chaque fois les limites et les avantages. Ce qui serait appauvrissant serait de vouloir tout metttre sur Internet. Cela n’arrivera d’ailleurs pas. La sagesse des peuples ne le permettra pas. On limitera Internet à un type de fonctionnalité dont on voit bien les prémisses et il faudra aussi et en parallèle garantir des politiques d’éducation par rapport à ce qu’Internet ne pourra jamais saisir, les cultures orales, les arts du vivant. Il faut une volonté politique pour l’assurer.

Est-ce que l’Unesco a une politique par rapport à ces questions de numérisation, de bibliothèques virtuelles ?
L’Unesco dans le secteur culture est pour la diversité culturelle et dans le secteur communication met en avant l’alphabétisation et la formation à ces techniques. Ce n’est pas incompatible mais au contraire complémentaire.

Du côté de la transmission des connaissances, on a par exemple et grâce aux images numériques un nouveau type d’accès avec de nouveaux traitements dans les dispositifs des universités numériques
Nombreuses sont les appplications de la numérisation à travers les universités virtuelles, les laboratoires virtuels, la simulation distribuée. Il faudrait d’ailleurs faire un effort de cartographie.
Par exemple le domaine des universités virtuelles n’est pas du tout stabilisé. Il y a en fait un monde à deux ou trois vitesses. L’Internet peut permettre d’échanger en temps réel à travers de très gros calculateurs des images ultra réalistes et une immersion totale dans le virtuel avec les avantages éducatifs et de formation afférents ?. Cela c’est le très haut de gamme réservé à une ultra élite. A côté de cela on a les connections normales et enfin tous les déconnectés. Il y a donc plusieurs mondes. On se pose des questions à propos de ces différences à l’Unesco. On serait intéressé par l’idée de promouvoir le concept de laboratoire virtuel qui implique une collaboration virtuelle qui permettrait à des scientifiques de pays en développement de rester connectés, ce qui éviterait la fuite des cerveaux.
Il existe en fait un continuum de possibilités virtuelles et le paysage actuel est déjà très complexe et varié. Ce qui compte c’est donc d’avoir la volonté politique.

Si la numérisation et les réseaux font craindre la constitution de monopoles, ils peuvent aussi permettre la mutualisation et le partage. Quelle est la position de l’UNESCO sur cette question ?
Cela correspond tout à fait à notre stratégie qui est d’encourager des portails montés localement, régionalement et de renforcer les contenus. Nous oeuvrons pour un domaine public de l’information et des connaissances. Ce domaine public est un concept de philosophie politique qu’il faut considérer comme essentiel dans le domaine de la société de l’information. Le domaine public c’est celui des logiciels, des connaissances, des informations mais aussi des modalités d’accès à des cours et à diverses ressources. On travaille sur cette idée par exemple à travers un portail des connaissances de l’Unesco pour communautariser à l’échelle internationale les ressources existantes. On souhaiterait en faire une politique générale, en combinant la puissance publique d’intervention de chaque état membre qui mettrait en ligne ses contributions. Il y aurait du même coup une force combinée extraordinaire qui serait capable de faire contrepoids au domaine privé. C’est la notion d’accès universel qui est aussi derrière cela. Il faut transposer l’intuition de Jules Ferry à l’échelle mondiale. Le Net deviendrait une classe mondiale où on découvrirait toutes les ressources mises en communauté. L’utopie est à portée de main et c’est simplement une question de vision de ceux qui sont les décideurs. L’Unesco est prête à en porter le projet. Il y a bien sûr des grands acteurs qui sont opposés à ces projets et qui considèrent que le domaine public est dangereux et que la seule réponse ne peut venir que du marché. Ce sont des acteurs très puissants qui nous le font savoir.
L’initiative la plus intéessante à l ‘heure actuelle est sans doute celle du portail du développement qui crée un réseau mondial de portails locaux pour les questions de développement. La même idée pourrait marcher dans l’éducation avec un portail mondial de l’éducation.

dimanche 11 octobre 2009

Quand les images rencontrent le numérique

Quand les images rencontrent le numérique
« Un objet improbable »
Thierry Lancien
Médiamorphoses n°6, novembre 2002



Bien que de plus en plus présentes dans nos environnements de travail, d’information ou encore de loisir, les images numériques ne seraient-elles pas un objet fuyant, protéiforme voire improbable pour le chercheur ?

La tâche de celui-ci semble tout d’abord compliquée par le flou terminologique qui les entoure. On parle à propos d’elles d’images informatiques, d’images de synthèse, d’images numériques. Un tel foisonnement dans les termes invite à un effort de caractérisation de ces images, ce que font ici plusieurs auteurs.
On notera d’autre part qu’appelées nouvelles images dans les années 80 pour insister sur le fait qu’elles étaient issues des nouvelles technologies de l’informatique, ces images ont souvent gardé aujourd’hui le même qualificatif qui les pare d’une aura symbolique. Comme le notait déjà il y a une quinzaine d’années Marc Guillaume (1), les “ nouvelles images n’arrivent pas toutes seules engendrées spontanément par la dernière vague d’innovations techniques. Elles s’inscrivent dans un paradigme technique dont la généalogie est déjà longue ”. C’est bien parce que nous partageons ce point de vue que nous avons demandé à plusieurs auteurs d’opérer une sorte de cadrage historique pour ces images.

Abondance des termes mais aussi grande diversité de ces images et de leurs supports. Si les images numériques désignent génériquement les images issues de la technologie numérique, elles peuvent emprunter différents chemins : celui de la numérisation d’images préexistantes, celui des images calculées par odinateurs. Leurs supports quant à eux sont multiples : cédéroms, sites Internet, bornes interactives, applications diverses militaires, scientifiques, industrielles. Par rapport à ce paysage aux multiples facettes, il fallait inventorier et catégoriser ce que font ici des auteurs comme Pierre Barboza et Gilbert Dutertre. D’autres retiennent certaines images plutôt que d’autres : images d’archives pour Jean-Michel Rodes, images photographiques pour Bernard Darras, images de cinéma, d’information ou de jeu pour Noël Nel, images de publicité pour Véronique Fava-Natali. Dans la partie consacrée aux usages, ce sont plus particulièrement les images de musées, les images d’art et les supports qui les véhiculent qui ont retenu l’attention de Bernadette Goldstein interrogée par Joëlle Le Marec ou encore de Corine Welger-Barboza. Les logiques édotoriales sont quant à elles analysées par Joël Poix.

Pa rapport aux images numériques, la tâche du chercheur est sans doute aussi compliquée par la prégnance des discours d’accompagnement relatifs à la nature de ces images comme à leurs développements et usages.
Ces discours nous annnoncent par exemple l’ émergence d’un nouvel ordre visuel qu’engendreraient les images numériques et qui transformerait de manière radicale notre rapport aux images, à la représentation et donc au monde. Ondine Bréaud souligne d’ailleurs comment cette tendance a été aussi présente dans les théories relatives aux nouvelles images.
Par rapport à cette question centrale, il nous a semblé essentiel d’accorder une place importante à l’analyse de ces images telle qu ’elle peut être menée de points de vue médiologique, communicationnel et sémiotique (Louise Merzeau, Bernard Lamizet, Noël Nel , Bernard Darras, Luc Dall’Armellina, Véronique Fava-Natali). La richesse de ces approches tient aussi au fait que leurs auteurs y montrent que l’objet “ images numériques ” amène aussi à réinterroger les outils scientifiques que l’on utilise.

Du côté des développements et des usages, les discours d’accompagnement ont aussi trop souvent tendance à les présenter comme directement induits par les avancées technologiques, en oubliant d’interroger l’interdépendance entre le développement technique et son insertion socioculturelle.
C’est pourquoi dans une dernière partie, nous avons donné la parole à un chercheur et à des acteurs du multimédia qui analysent les évolutions éditoriales (Joël Poix), l’insertion des images numériques de musée dans l’éducation (Bernadette Goldstein), des images d’art dans les enseignements artistiques (Corinne Welger-Barboza) et enfin les enjeux culturels et sociétaux des réseaux d’images numériques (Philippe Quéau).

C’est donc en partant des difficultés qui viennent d’être évoquées que nous avons pensé que ce dossier pouvait apporter des outils de réflexion et d’analyse à partir d’un triple cadrage.

Le premier de ces cadrages est historique et porte aussi bien sur l’histoire de ces objets (Pierre Barboza, Gilbert Dutertre) que sur l’histoire des théories qu’on y applique (Ondine Bréaud).
On l’a vu, le grand danger serait d’oublier la généalogie des ces images, leurs filiations et Pierre Barboza tout en nous signalant qu’il ne s’agit que d’une contribution à une histoire qui reste encore à faire, nous propose cependant une histoire de ces images pour lesquelles il repère deux grandes filiations, celle de la capture et celle de la synthèse. Au delà de la simple généalogie et parce qu’il considère que la question de l’interactivité est au centre de ces images, il nous propose de distinguer différents types d’interactité liées à ces évolutions.
C’est en tant que chercheur à l’INA mais aussi acteur du multimédia puisqu’il a eu des responsablités dans l’organisation du salon Imagina que Gilbert Dutertre s’intéresse aux images de synthèse pour nous en donner les caractéristiques essentielles avant d’en évoquer les différents champs d’application. Il nous montre comment à travers trente années de recherche, de développement et de production elles sont parvenues à occuper une place incontournable dans la production aristique, cinématographique et éducative.
Histoire des images numériques mais aussi histoire des théories relatives à ces mêmes images. Il revient à Ondine Bréaud, auteur d’une thèse et d’articles sur cette question de nous montrer comment se sont développées des thèses antagonistes sur les images informatiques. Pour un premier courant de chercheurs en effet, les images numériques conduiraient à une rupture radicale avec les précédentes images et donc avec l’histoire de la représentation tandis qu’un deuxième courant, plus important aujourd’hui, avance la thèse de la continuité. Pour ces derniers c’est en filiation avec les images antérieures, en les revisitant et en entrant en compétition avec elles que le numérique s’affirme en tant que forme d’expression.


Le second des cadrages proposés est celui de l’analyse de ces images. L’analyste semble ici affronter un double défi. D’une part en effet il convient de mesurer grâce à une analyse fine de leurs spécificités dans quelle mesure ces images diffèrent des précédentes, à la fois dans leur rapport au monde mais aussi dans leur rapport au spectateur. D’autre part, plusieurs auteurs font l’hypothèse que ces images à travers leurs nouveaux attributs, leurs nouveaux modes de signification et de consultation supposent que pour les appréhender l’on forge de nouvelles notions, de nouveaux concepts disciplinaires ou pluridisciplinaires. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains textes de cette deuxième partie, sont autant des analyses d’images que des textes programmatiques par exemple pour une nouvelle sémiotique des images (Noël Nel, Luc Dall’Armellina).

En ouverture à cette deuxième partie, Jean-Michel Rodes a choisi de réfléchir à la façon dont la numérisation de l’image et du son bouleverse en profondeur le statut de l’archive audiovisuelle. Ce qui l’intéresse plus particulièrement, c’est le nouveau rapport qui s’instaure ainsi ente le support numérique et la matière de l’original qui tend selon lui à s’effacer.

Dans un texte qui fait écho au précédent Louise Merzeau se demande comment la croyance et la mémoire risquent de changer de sens puisque les traces dont elles sont faites changent de matière. Pour elle le numérique devrait engendrer une croyance finalement plus savante, prenant en compte les traitements qu’on pplique au réel et une mémoire plus dynamique.

Dans un texte qui pourrait aussi porter pour titre “ L’image agie ”, Bernard Lamizet retient une approche qui doit beaucoup à la pragmatique pour montrer que la vraie rupture entre l’image analogique et l’image numérique tiendrait au fait que la personne qui consulte un cédérom n’est plus assimilable au lecteur d’un livre. A travers les opérations, les manipulations et les interventions qui sont les siennes, il devient en quelque sorte concepteur. Bernard Lamizet parle alors d’image agie pour désigner cette image qui devient selon lui opératoire. Sa signification se fonde sur les opérations dont elle peut faire l’objet

Noël Nel, de son côté constate que les médias s’hybrident et estime que la sémiotique contemporaine doit sortir de l’approche des textes fermés pour penser la relation aux images comme une expérience complexe mobilisant texte, transtexte et contexte et s’inscrivant dans ce qu’il appelle des “ régimes scopiques ”.
Dans son article, il cherche à mesurer les impacts de la numérisation en prenant trois exemples : le film contemporain, l’hypertexte de cédérom d’information et le jeu d’aventure multimédia. Il montre ainsi comment dans le cinéma, l’image devient composite puisque l’image analogique est prolongée, corrigée, redoublée. Il questionne d’autre part l’hypertexte d’information en se demandant comment celui-ci repositionne l’uitilsateur avant d’examiner ce que devient la narritivité lorsqu’elle s’investit dans certains dispositifs multimédias. Au niveau méthodologique, c’est ici une pragmatique du récit acté qui est mise en avant et que l’on retrouve chez d’autres auteurs du dossier.

A travers une analyse purement sémiotique, Bernard Darras compare la photographie argentique et la photographie numérique pour examiner si l’on a ici à faire à un simple changement technologique ou à une mutation plus profonde qui relèverait de ce nouvel ordre visuel dont il était question précédemment. Pour cet auteur c’est la question centrale de l’indicialité, au sens Peircien du terme, qui permet de trancher. Or à l’inverse d’autres auteurs, Bernard Darras cherche à montrer que les images numériques restent indicielles au même titre que la photographie argentique.
Il analyse ensuite les conséquences que cela peut avoir. Diffusée sur écran, circulant sur les réseaux, l’image photographique familiale risque, privée de commentaires, de perdre sa fonction communicationnelle.

Pour Luc Dall’’Armellina, l’enjeu de l’analyse est le même. Il s’agit en effet de déterminer en quoi l’image numérique pourrait différer de l’image analogique.
A travers une approche qui cherche des assises du côté de la sémiologie, des sciences cognitives ou encore de l’histoire des médias, Luc Dall’’Armellina procède avec prudence et avance que l’image numérique posède à certains moments les mêmes caractéristiques que l’image analogique, lorsqu’elle n’est pas rendue opérable, et qu’elle reste représentation. Par contre, elle contient par son mode d’existence même, une existence virtuelle dans un champ de possibles qui ne demandent qu’à exister par des actes sur elle.
L’auteur nous propose une tentative de typologie des modes d’existence des signes électroniques avant de montrer comme le font d’autres auteurs du dossier que les images numériques induisent de nouvelles postures de lecture qui nous font assister à un changment de paradigme perceptif.

Le troisième et dernier cadrage proposé est celui qui concerne les usages. Il s’impose d’autant plus que comme nous l’avons vu précédemment, le déterminisme technologique est souvent fort présent dans les discours d’acccompagnement et qu’il se péoccupe fort peu des questions d’appropriation et d’inscription dans le social. Ce cadrage s’enchaîne d’autre part naturellement avec le précédent puisqu’en s’ouvrant à la pragmatique, la sémiotique prend du même coup largement en compte le récepteur appelé tour à tour interacteur, spect’acteur ou encore opérateur.

Directeur des Editions Emme Multimédia, Joël Poix montre bien vers quelle impasse peut mener une politique éditoriale (celle des cédéroms d’art) qui profite un moment d’un effet de mode, pour s’essoufler ensuite, faute d’avoir tenu compte des usages du public mais faute aussi d’avoir conçu des produits tirant parti des spécificités du multimédia. Inversement la réussite de l’édition multimédia scolaire montre bien comment la prise en compte de ces paramètres peut être facteur de succès.

Interrogée par Joëlle Le Marec, Bernadette Goldstein rappelle comment l’image numérique a d’abord servi à amplifier la perception de l’œuvre (détails) avant d’être reliée aux programmes de constitution des bases de données.
Le site éducatif “ L’histoire par l’image ”, mis en place par la Direction des Musées de France a cela d’intéressant que sa conception prend en compte les travaux sur les usages des nouvelles technologies en mileu muséal. La notion d’appropriation est ici centrale pour les concepteurs et l’arborescence du site est conçue en fonction des attentes des enseignants et des élèves.

Ce sont les usages des images numériques dans les enseignements artistiques qui retiennent l’attention de Corinne Welger-Barboza qui fait remarquer qu’en ayant la double faculté d’imiter, de restituer l’apparence mais aussi de décomposer l’image de façon dynamique, celles-ci sont pleines de promesses pour la recherche et l’enseignement en histoire de l’art. Encore faudrait-il, selon elle, que leurs usages soient vraiment pris en compte par une politique institutionnelle qui se penche par exemple sur les questions de mutualisation des corpus, de droits d’auteur libérés à des fins de recherche et d’accès libre aux images du domaine public.

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Philippe Quéau après avoir souligné l’utilité d’une catégorisation de ces nouvelles images qui selon lui sont promises à un considérable développement, envisage aussi leur inscription dans le social. Il met en garde nos sociétés, de son poste d’observation de l’UNESCO, par rapport aux risques de formation de monopoles, d’homogénéisation culturelle, que font courir les réseaux. Par rappprt à ces questions, il plaide pour l’instauration d’un domaine public de l’information et des connaissances.

Enfin les éléments de caractérisation des images numériques fournis par Jacques Gaudin devraient permettre au lecteur de se repérer dans ce décor technologique qui, nous avons essayé de le montrer, nous pose bien des questions auxquelles les auteurs ont tenté d’apporter des réponses, en enisageant ces images à travers leur histoire, leurs modes de signification ou encore leurs usages.



(1) Guillaume M., Le carnaval des spectres in Nouvelles images, nouveau réel, Cahiers internationaux de sociologie, Paris, PUF, 1987

mercredi 10 juin 2009

Les relations des jeunes aux écrans

Programme « Ecrans. Interroger les relations des jeunes aux écrans ».
Questions aux professionnels
Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine, IJBA.
Rencontre le 15 juin 2009
Thierry Lancien, Bordeaux 3, MICA

Dans un premier temps le programme de recherche « Ecrans » compte s’intéresser à un public jeune, en l’occurrence celui des étudiants.
Le questionnement que nous voudrions opérer porte sur les attentes, les représentations, les usages, les postures spectatorielles de ces jeunes par rapport aux écrans du cinéma, de la télévision, de l’ordinateur et des appareils mobiles (baladeurs vidéo, téléphones mobiles).

Voici quelques unes des questions que nous aimerions aborder lors de la première rencontre professionnels/chercheurs du 25 juin 2009 qui se tiendra à l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine (IJBA)..

Permanences et changements
Du côté de la relation aux écrans « classiques » (cinéma, télévision) existe-t-il des pemanences fortes ou bien pensez vous que ce sont les changements qui dominent ?
Comment peut-on affiner ces questions ?

On peut prendre deux exemples : celui du cinéma et celui de la télévision.

Pour le cinéma, on peut faire l’hypothèse qu’une tendance forte demeure, celle de la fréquentation des salles mais qu’elle est traversée par des changements qui sont à identifier. Par exemple les jeunes viennent-ils voir certains films au cinéma, réservant le visionnement d’autres films à Internet ou aux DVD ? Cette différenciation, si elle existe, touche-telle les genres, les acteurs, les types de production.
Le cinéma en salle s’inscrit-il plus dans une culture collective du cinéma, alors que le visionnement sur Internet s’inscrirait dans une culture plus personnelle qu’il faudrait caractériser ?

Pour la télévision c’est sans doute le changement qui domine. Mais là encore les choses doivent être nuancées. Si les jeunes regardent de moins en moins la télévision , il faut préciser qu’il s’agit de l’écran de télévision. Ils regardent par contre des émissions sur Internet. On peut faire l’hypothèse que ce changement de support correspond à de nouvelles demandes par rapport à la télévision. Demandes qui affectent d’ailleurs la nature des programmes eux mêmes.
Ces demandes peuvent être :
-une demande à la carte qui correspond au désir de regarder des émissions quand on veut, en se libérant ainsi des contraintes de la programmation télévisuelle. Les différentes chaînes de télévision l’ont bien compris et proposent donc sur leurs sites des émissions à ragarder ou à télécharger. Elles peuvent aussi proposer à des sites de partage de vidéos très regardés par les jeunes (YouTube, Dailymotion) des émissions. Canal Plus a ainsi organisé récemment une avant première de la série Skins sur MSN.
-la deuxième demande pourrait être qualifiée de participation. On sait que la télévision a mis en avant depuis quelques années la participation du public et même plus encore de l’individu aux émissions qu’elle propose. Les jeux, les concours (comme la Star Academy) et bien sûr la « télé-réalité » sont emblématiques de cette tendance. Mais aujourd’hui le jeune public demande plus. Il souhaite intervenir dans la conception même des programmes. C’est bien pourquoi France 4 par exemple vient de proposer aux internautes d’élire un scénariste dans le cadre d’un concours lancé pour l’écriture d’une série.
-la demande interactive enfin est celle qui vient directement de la pratique par les jeunes des jeux vidéo et qui fait dire à certains que ceux-ci sont devenus spectacteurs. Ce désir d’intervenir directement dans les programmes au niveau de l’histoire, des personnages est suffisamment prise au sérieux pour qu’une chaîne comme ARTE réfléchisse à des fictions télévisuelles interactives et que le Centre National du Cinéma finance des programmes de rcherche.

Nouvelles attentes
Que vous soyez acteurs dans le domaine du cinéma, de la télévision, de l’Internet, des supports mobiles, quelles sont les nouvelles attentes que vous percevez ?
Par exemple en termes de programmes, de contenus, de documents ?
Les nouveaux supports de réception (ordinateur pour Internet, baladeur vidéo, téléphonie mobile) amènent-ils à préférer des programmes courts, des extraits ou encore des genres particuliers ?
Dans le domaine de la presse, le rapport à un certain type d’information sur Internet influence-t-il le rapport que les jeunes peuvent avoir avec la presse papier ?

Nouveaux usages et hybridations des usages
La question précédente rejoint celle de l’hybridation des usages, notamment des usages anciens hybridés par les usages nouveaux ?
Dans quelle mesure l’usage d’un écran en particulier influence-t-il l’usage, le rapport qu’on a avec d’autres écrans ?

Attentes diversifiées et reconfigurations

Ne faut-il pas faire l’hypothèse que la multiplication des écrans, loin d’homogénéiser les relations qu’on a avec eux va s’accompagner d’attentes diversifiées et de reconfigurations.

Le cas de la télévision est à cet égard intéressant. Alors que les jeunes la regardent sur des écrans d’ordinateurs, la montée en puisasance des grands écrans pourrait s’accompagner d’attentes nouvelles en termes de programmes.

Questionnement général
Les catégories d’écrans (écran de représentation, de transmission, d’action, de simulation, de contact) et les relations aux écrans (expérience, fréquentation, activité, relation) présentées dans le texte de cadrage de la recherche doivent permettre de repérer dans la relation des jeunes aux écrans des permanences s’il en existe aussi bien que des transformations qui peuvent être des hybridations, des subsitutions ou de véritables abandons.