Six poèmes publiés dans le numéro 37 de la revue A L'Index, octobre 2018.
Il faut
tenter de se placer
très
haut dans l’éclat du soleil
pour
comprendre ce paysage,
puis
attendre.
A
l’heure qu’il est,
quelques
ourlets de mer
dorment
encore
adossés
à des rives incertaines.
Le
cormoran qui guette un signe
sort
tout juste de son sommeil
dans un
mouvement d’aile.
Il y a aussi
le calme des pierres
le grand
calme sorti de la nuit.
L’énigme
des pierres,
l’énigme
des
rochers baptisés Enfer et Paradis
qui
balisent le nord de l’île.
*******
La mer en déraison
ici
à la pointe de l’Enfer,
ou encore
à l’assaut des Saisies.
Le jour
s’est perdu,
le jour
se retourne dans du gris.
A Kervédan, à Quelhuit,
du vert qui perd sa couleur,
gorgé d’eau
dans l’impossible lumière.
Le destin d’une île
suspendu à la force des vents.
*********
Tu peux
reprendre ce paysage
pour
l’agiter.
Ce bleu
qui invente un autre bleu
sur
l’épaule de Sieck
quand
l’île se repose,
juste
quand la nuit monte.
Ou
encore cette fesse de granit
qui
tourne le dos
au phare
de l’île de Batz
juste
quand la nuit monte.
*********
La force
du granit,
sa
solitude aussi.
Ici,
cerné par la fougère,
l’ajonc
à l’odeur de miel,
la
bruyère au chagrin d’épine.
Là,
léché puis recouvert par la vague,
isolé
tout à coup dans cette geste de sel.
Ses noms
glorieux dans le langage de la baie,
les
balises Enfer et Paradis,
pour
nous protéger des naufrages.
Le
granit dans une éternité,
si forte
et si fragile aussi.
**********
Le dernier
défi du soleil
quand la
nuit monte
du sol
ici dans des verts touffus.
Des
éclats suspendus aux feuilles,
qui
perlent sur le foullis des fougères.
Le
temps, un instant saisi,
en
suspens,
qui
attend la promesse du noir.
**********
L’île
dans le
souci d’elle même,
repliée
dans la nuit.
Concentrée,
attentive
à ses songes,
elle
écoute,
mille
murmures,
tout
autour d’elle
dans sa
ceinture,
de lande
et de mer.
c’est
une très grande force
une île,
quelque
chose qu’elle puise
dans le
grain du granit,
l’énergie
du sable.
dans ce
silence
elle se
réunit,
pour qu’au
réveil
quand les
vents viendront,
elle
soit
ce petit
bloc d’éternité.
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