Martine Joly, Professeur
honoraire de l’Université Bordeaux-Montaigne, est décédée le 11 janvier 2016.
L’image aura été d’une
manière constante au centre de la carrière de Martine Joly, aussi bien dans ses
enseignements que dans ses recherches et ses publications. Ce fut d’abord dans
l’enseignement secondaire qu’elle s’intéressa aux rapports entre enseignement
et lecture de l’image. Participant dans les années 70 aux recherches appliquées
du programme Selicav, piloté par René Laborderie au CRDP de Bordeaux, elle y
rencontra Christian Metz. Le théoricien d’une approche sémio-linguistique du
film était aussi ouvert à la didactique et Martine Joly fit partie de son
séminaire qui se tint dans les années 70, 80 à l’EHESS. S’y retrouvaient de
jeunes chercheurs devenus plus tard des spécialistes reconnus de l’image et des
proches de Martine Joly, comme Geneviève Jacquinot, Roger Odin, Francis Vanoye.
Auteure d’une thèse en Sciences de l’information et de la communication,
consacrée aux questions de la réception de l’image, Martine Joly entra à
Bordeaux 3 à l’IUP ISIC. Elle reliait toujours étroitement ses enseignements à
ses écrits universitaires et ses cours de sémiologie de l’image dispensés à des
étudiants en production audiovisuelle et en écriture de scénario, débouchèrent
au fil des ans sur d’importantes publications. Ce fut d’abord en 1994, l’Introduction
à l’analyse de l’image (Nathan, 128), ouvrage réédité plusieurs fois et
traduit en plusieurs langues. L’auteure y proposait une démarche d’analyse des
images fixes et mobiles, d’information, de publicité et d’art, basée sur de
solides références théoriques en sémiologie. Vint ensuite L’image et les signes
(Nathan Université 1997), ouvrage plus théorique mais toujours destiné aux
étudiants et aux professionnels de l’information qui explorait sémiologiquement
la production de sens par les images. En 2002 , L’image et son
interprétation (Nathan Université 2002) se centrait plus sur le spectateur
et sa réception des images, en analysant ses attentes, ses engagements, sa
réceptivité. Sous la direction de Francis Vanoye, Martine Joly participa à la
rédaction du Dictionnaire de l’image (Goliot-Lété, Joly, Lancien, Le
Mée, Vanoye, Vuibert, 2006), tandis que ses intérêts s’ouvraient aux
rapports entre images et interculturel, aux pouvoirs de l’image et à la
nouvelle prolifération des images comme en témoignent différents articles.
Très engagée dans la vie de
l’université, Martine Joly fut directrice de l’IUP ISIC de 1998 à 2003. Dans le
domaine de la recherche, elle créa l’équipe d’accueil 2959 IMAGINES (Images,
histoire, société) regroupant des chercheurs
travaillant de manière transversale sur les représentations visuelles sous
toutes leurs formes, sur leur contexte d’apparition et sur leur environnement
d’interprétation. Partie à la retraite en 2003, elle oeuvra encore pour son
université, en devenant responsable d’un programme regroupant les régions
Aquitaine et Souss Massa Drâa, pour la mise en place de formations cinéma à Ouarzazate,
antenne de l’université d’Agadir. Ce fut dans le cadre de ce programme que fut
créée une licence de cinéma et que furent organisés deux colloques internationaux,
l’un sur l’interculturel dans la formation à l’image (Ouarzazate, Juin 2009),
l’autre sur la place des technologies dans l’enseignement supérieur (Ouarzazate,
décembre 2014).
Curieuse des autres, ouverte
aux cultures du monde, Martine Joly dispensa des conférences dans de nombreux
pays et fut dernièrement professeur invitée à l’Université de Manchester.
Beaucoup d’entre nous,
étudiants, enseignants gardent le souvenir d’une grande universitaire animée
par la passion de la transmission. La recherche pour elle n’avait de sens que
si elle pouvait profiter aux autres.
Thierry Lancien
Professeur émérite
Université de Bordeaux-Mon
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