La médiation journalistique au risque du numérique
Thierry Lancien
Université de Bordeaux 3
Imagines EA 2959
Revue MEI n°19
Médiations et médiateurs Marie Thonon (dir)
Si l’observation de sites d’information sur Internet permet de constater sur certains d’entre eux une baisse de la médiation journalistique au profit d’autre pratiques, il semble nécessaire de relier ce phénomène à ce qui se passe avec d’autres médias et à ce que peuvent être les représentations et les pratiques des publics concernés.
L’arrivée de l’information médiatique sur Internet et certaines de ses caractéristiques amènent à se demander ce que devient dans ce contexte la médiation journalistique. Un tel questionnement doit d’ailleurs s’ouvrir aux autres médias et à la question de leurs publics.
Internet, support d’information médiatique
Sans nous demander pour le moment si Internet est ou non un média à part entière, nous retenons pour examen les sites qui présentent des informations que l’on appellera médiatiques par distinction des autres informations présentes sur Internet (services, loisirs, connaissances). Sont ainsi considérés des sites portails (dont une petite partie est consacrée à l’information médiatique), des sites de radio, des sites de télévision et des sites de presse. Dans ces derniers, il faut distinguer les parties spécifiques à Internet de celles qui peuvent reprendre des éléments de la version papier, comme les Unes.
De la médiation à l’interaction
Le terme de médiation renvoie à une notion que l’on pourrait appeler « nomade » puisqu’elle migre facilement d’une discipline à une autre.
Dans le domaine journalistique et de manière générale, on peut considérer qu’il y a médiation chaque fois qu’un médiateur, s’interpose entre les informations des médias et leur destinataire. Le terme d’intermédaire, qui appartient à la même famille, rend bien compte aussi de ce que nous cherchons à désigner.
Pour être plus précis et si l’on considère, à la suite d’auteurs comme Eliseo Veron (Veron, 80) l’information médiatique, comme un processus de construction qui fait passer des évènements et des faits au statut d’informations, de nouvelles, à travers des opérations de choix, de hiérarchisation et de mise en discours, on peut alors distinguer deux grands types de médiation.
Il y aurait d’un côté les médiations qui interviennent dans la construction même de l’information et qui président au choix, à la hiérarchisation de celles-ci.
L’autre niveau de médiation serait celui qui intervient dans les mises en discours (linguistiques et iconiques) de l’information et dans leurs modes de présentation.
En ce qui concerne les premières, on doit se demander avec Thierry Vedel (Vedel 99) si les NTC annoncent « la fin des médiateurs », c’est à dire de « l’activité qui consiste à trier les dépêches des agences pour les présenter d’une manière hiérarchisée. »
A l’examen de nos sites, on constate que sur les sites portails (type Wanadoo, Yahoo, ou Tiscali), la tendance consiste effectivement à présenter les informations sans hiérarchisation. Sur les sites de presse, constamment actualisés, ce sont les dernières informations qui ne sont pas hiérarchisées tandis que les autres relèvent d’un traitement éditorial plus classique.
Le fait de ne pas proposer au cyberlecteur de hiérarchisation, ou encore de le laisser choisir à travers des moteurs de recherche (présents sur certains sites d’information) laisse croire que c’est désormais le cyberlecteur qui construit sa propre information . Certains auteurs parlent alors de « co-construction » de l’information (Lancien 2000) et l’une des formes les plus avancées de celle-ci serait l’existence de sites, comme celui de Google News ou de Crayon, qui permettent de se procurer une information entièrement à la carte, en fonction des goûts et des centres d’intérêt du cyberlecteur.
La médiation laisserait alors la place à ce que certains appellent l’intermédiation, qui consiste à travers des moteurs de recherche et des portails à sélectionner et à filtrer les informations en fonction des besoins des utilisateurs (Vedel 1999).
Si l’on considère maintenant le second niveau de médiation, celui des mises en discours et de la présentation des informations, un certain nombe de précisions s’imposent. Par médiation dans les mises en discours nous désignons le fait que le journaliste s’inscrit en tant que personne dans son discours, écrit ou oral, à travers des modalités diverses dont celles que les linguistes appellent modalités d’énoncé. Il s’agit alors pour l’auteur d’un énoncé, de le situer par rapport à la certitude, la vraisemblance, ou encore par rapport à des jugements appréciatifs. C’est donc ici toute une part de l’activité journalistique qui est en cause (mise à distance de l’information, analyse) et qui semble écartée sur un certain nombre de sites. Les sites portails par exemple, ou encore les sites de télévision vont privilégier les dépêches et donc une version « brute » de l’information. Sur les sites de presse, les articles complets tirés du journal vont coexister avec des dépêches qui correspondent aux nouvelles récentes et qui, le plus souvent, viennent directement d’agences de presse.
De la même façon les titres des dépêches se contentent de reprendre le début de l’information pour accentuer encore l’impression de neutralité que l’on veut donner. Car c’est sans doute bien de cela qu’il s’agit. Supprimer au maximum la médiation journalistique pour faire croire au cyberlecteur que l’information, brute, est forcément objective et qu’il peut, en dehors de toute logique éditoriale, être maître du jeu.
L’offre de produits informationels bruts, non traités, semble donc bien occuper une place non négligeable sur Internet et elle touche directement à la question du médiateur car comme le fait remarquer Peter Dahlgren (Dahlgren 1998): « Il est possible que sur Internet le métier de journaliste au sens traditionnel du terme soit de plus en plus remplacé par des « infolibraires » ou des « cyberchercheurs » évacuant du coup les dimensions actives, créatives et critiques du journalisme ».
S’il y a une baisse de la médiation au niveau des énoncés informatifs eux mêmes, on peut aussi avancer qu’il y a un déficit de médiation à un niveau plus large qui est celui du support. Deux cas au moins sont alors à considérer. Soit il s’agit de sites portails qui ne consacrent qu’une petite partie à l’information médiatique qui est alors coupée de tout ce que peut être le contexte énonciatif, d’un journal, d’un JT ou d’un journal radio. L’information y apparaît en quelque sorte désincarnée et comparable à d’autres produits informationnels présents sur le site (informations de services, de tourisme). Soit il s’agit d’un site spécifique d’information (sites de télévision, de radio ou sites spécifiques de presse) et c’est alors l’existence des liens avec d’autres sites qui va faire éclater la médiation d’habitude prise en charge par le média considéré et ce qu’on peut appeler son système méta énonciatif. En quittant un site pour un autre, le cyberlecteur échappe à la médiation générale qu’établit habituellement un média et ce d’autant plus qu’il va souvent consulter des énoncés qui par le jeu des pages écrans vont être décontextualisés (Lancien 2000B).
A côté de la médiation discursive que nous venons d’évoquer, existe bien sûr la médiation humaine incarnée par la présence d’un journaliste : présentateur de télévision ou journaliste de la radio. On notera à cet égard qu’Internet est pour le moment plus un média du texte que de l’image et du son et qu’il est donc normal que la question de la présentation humaine s’y pose moins qu’à la télévision ou à la radio.
La mise en avant du dialogue
Si la médiation journalistique est donc incontestablement en baisse sur les sites qui présentent des informations non hiérarchisées et brutes, ce sont par contre le dialogue et l’interaction qui sont mis en avant. Tout se passe comme si le médiateur s’effaçait, pour mieux laisser le cyberlecteur s’exprimer. Les modalités d’énoncé font en quelque sorte place à des modalités d’énonciation et le destinataire est alors interpellé. La rubrique Actualité du site Wanadoo, comprend ainsi un espace où on trouve une rubrique intitulée « Vous avez la parole » sous laquelle se trouvent les énoncés : « Réagissez à l’actualité, Discutez en direct, Choisissez votre débat ». Les dispositifs de cette communication sont les forums, t’chats et listes de diffusion. Il y aurait évidemment fort à dire sur le fait que ces moyens de communication qui sont présentés comme transparents relèvent en fait de processus de médiatisation qui peuvent être complexes, mais tel n’est pas notre propos dans le cadre de cet article.
Il convient par contre de bien souligner qu’à travers cette offre de discussion, les sites en question veulent mettre en avant toute une série de valeurs qui seraient propres à Internet, comme la participation, l’interaction ou encore le partage d’opinions.
Philippe Breton (Breton 2000) a bien analysé ce système de valeurs et l’on pourrait aussi montrer que les notions de pactes ou de contrats de communication mises en place par un certain nombre de chercheurs (Veron, 1985) sont opératoires dans ce cas. A propos d’une comparaison entre les sites du Monde et de Libération, Igor Babou (Babou 2003) fait remarquer qu’on aurait « d’un côté (Libération) les valeurs de la participation et de l’interactivité dans un espace peu hiérarchisé, de l’autre (Le Monde), les valeurs de l’objectivité journalistique et du contrôle du débat par les experts ».
C’est bien parce que ces sites prétendent donner une place nouvelle au destinataire dans la communication médiatique, que certains auteurs croient celui-ci investi de pouvoirs nouveaux et parlent d’automédiation. Jean-Louis Weissberg (Weissberg 1999) peut ainsi avancer qu’il « est frappant de voir se généraliser, dans une forme d’espace public, une auto-médiation automatisée dont on a pas fini de découvrir la puissance parce qu’elle traduit un profond désir d’accroitre notre force d’intervention pratique et relationnelle en profitant des formidables automates intellectuels mobilisables à distance par le réseau ».
Là où certains voient donc dans les dispositifs que nous venons d’évoquer une nouvelle chance pour le débat dans l’espace public, d’autres au contraire comme Dominique Wolton (Wolton 1997) pensent que ce sont les médiateurs qui sont les « agents de la démocratie » et les défenseurs de l’espace public.
Pour mieux comprendre les termes de ce débat, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que la question de la participation du destinataire et de l’interactivité n’est pas nouvelle dans les médias et les technologies qui sont liées à ces derniers. Les développements du câble ont par exemple été accompagnés, comme le montre un travail de Serge Proulx et de Michel Sénécal réalisé à l’époque (Proulx, Sénécal 1995) de tout un ensemble d’espoirs dans les vertus interactives et participatives de celui-ci. De manière plus générale, la radio, comme la télévision n’ont cessé de chercher à impliquer le destinataire à travers des dispositifs d’interaction. Que l’on se souvienne par exemple du rôle que l’on a voulu faire jouer au Minitel, pour sonder les opinions au moment d’une émission télévisée ou pur évaluer la prestation d’un invité à un débat (« L’heure de vérité »).
Une véritable généalogie de ces questions rendrait sans doute très prudent. En tout cas, si la puissance technologique évoquée par Weisberg est bien réelle, on peut douter qu’elle puisse à elle seule engendrer des pratiques médiatiques complètement nouvelles qui mettraient le cyber destinataire au centre des médias. Une telle hypothèse reviendrait à faire fi des pratiques sociales et culturelles qui entrent ou non dans un processus dynamique avec la technologie.
De nouveaux usages des médias
C’est bien pourquoi, il nous faut pour mieux comprendre ce qui se passe et pourrait se passer en termes de médiation sur Internet, référer ces questions à l’environnement médiatique actuel.
On peut alors constater que la baisse de médiation évoquée précédemment se retrouve en fait sur d’autres médias. Le cas des journaux gratuits est à cet égard intéressant, car il nous semble illustrer cette bipolarité évoquée à propos des sites de Libération et du Monde. D’un côté en effet un journal, Vingt minutes, qui maintient une assez forte médiation dans la hiérarchisation de l’information, le rubricage, la médiation discursive (titres, articles rédigés), tandis que l’autre, Métro, se dégage du modèle habituel de la presse écrite pour proposer une information qui n’est pas sans rapport avec celle d’Internet que nous évoquions tout à l’heure : peu de hiérarchisation, dépêches, titres neutres.
Ce qui est ici constaté au niveau d’un type de presse écrite, pourrait aussi l’être au niveau de certaines radios. On pense évidemment au cas de l’information en continu et plus précisément à celui de France Info. Andrea Semprini (Semprini 1997) a ainsi bien montré qu’en tant que media de flux, France Info élargit considérablement la gamme des informations (par rapport aux critères traditionnels des médias) et « déhiérarchise l’information, en attribuant à toutes les nouvelles sinon la même valeur et la même importance, du moins la même dignité et les mêmes droits ». Nous retrouvons donc cette baisse de médiation dans la construction de l’information, déjà rencontrée sur Internet. L’analogie avec Internet va d’ailleurs plus loin, car comme sur les sites, la parole du journaliste est en retrait par rappport à celle des experts et témoins autorisés derrière lesquels il s’efface. La neutralité intonative, un certain type de débit, le caractère interchangeable des voix, sont aussi là pour éviter la personnalisation et donc certains de ses effets en termes de médiation.
Du côté de la télévision, le cas des journaux télévisés tout en images est évidemment intéressant. En renonçant à une forme sacro-sainte de la médiation qui est celle de la présence à l’écran d’un présentateur, ces journaux font un pari audacieux. Certes la médiation prend d’autres formes, comme celles des titres qui reviennent identiques à chaque édition sur le tout en images de M6. Pour ce qui est du tout en images d’Arte (maintenant remplacé par un journal avec présentateur), Jean-Michel Utard (Utard 1994) avait aussi pu faire remarquer que les titres français plus incitatifs que les titres référentiels allemands traduisaient la présence de l’instance énonciative de la chaîne et son souci d’établir une certaine médiation. Cela étant, le choix d’un journal tout en images paraît difficile puisque Arte a finalement abandonné ce type de formule. La permanence de celui de M6 montre de son côté l’attachement d’un certain type de public à cette formule qui est bien sûr à rapprocher de France Info et d’Internet.
La question des publics
Les constatations faites jusqu’à maintenant doivent en effet être mises en relation avec la question du public, de ses représentations et de ses pratiques.
La question de la baisse de la médiation journalistique classique sur certains supports, ne peut pas n’être mise en rapport qu’avec des caractéristiques technologiques et médiatiques.
En termes de représentations, il semble clair que ce sont des publics spécifiques qui envisagent de se passer de médiation. Pour ce qui est d’Internet, Nicolas Pélissier (Pélissier 2002) a raison de faire remarquer que c’est « une minorité active sur Internet, héritière des bourgeois encyclopédistes qui peut se passer des journalistes, puisqu’elle sait de manière autonome, sans avoir besoin de médiateurs institués, obtenir l’information personnalisée qui lui convient ». On pourrait y ajouter le public qui partage les valeurs d’une cyberculture largement diffusée par des discours d’accompagnement qui mettent en avant les notions d’échange, d’interactivité, de partage.
Le fait de se passer de médiation sur des supports télévisés, radio ou de presse doit aussi correspondre chez certains publics à des sytèmes de valeur où sont mis en avant l’objectivité, la transparence, le contact direct avec la prétendue réalité du monde. Les informations brutes d’Internet, mises à jour en permanence, les photos témoignages à peine légendées, viendraient donc s’inscrire dans toute une tradition du direct à la télévision et dans l’héritage plus récent de l’information en continu (CNN, LCI).
Il est fort possible aussi que les médias qui diminuent la médiation viennent satisfaire des publics qui déclarent régulièrement, à l’occasion d’enquêtes comme le « baromètre » annuel Télérama-La Croix-Sofres, douter de l’objectivité des journalistes. Ce phénomène semble marqué chez les jeunes (55% en 2002 ne font pas confiance aux journalistes), ce qui, parmi d’autres raisons, pourrait expliquer leur attirance pour les journaux gratuits. On notera aussi que dans l’enquête 2002 (Télérama, n°2716, 30 janvier 2002) c’est France Info qui est perçue comme la radio la plus crédible, ce qu’on peut metttre en relation avec ses spécificités que nous évoquions précédemment.
Le phénomène de la baisse de la médiation pourrait d’autre part être rattaché à la question de l’offre d’information, notamment sur Internet. Sur les sites portails, tout se passe en effet comme si l’information médiatique était mise sur le même plan que le autres informations du type : services, loisirs, voyages. Le contrat médiatique qui lie un média à son destinataire semble donc s’effacer et l’information médiatique apparaît alors comme un produit comme un autre qui doit être rapidement accesible et facile à consommer. On comprend dès lors que la médiation journalistique n’ait plus ici sa place. C’est en tout cas ce que constate Peter Dahlgren (Dahlgren 1998) lorsqu’il écrit : « De plus en plus, les médias viennent brouiller la frontière entre ce qui relève du journalisme et ce qui n’en relève pas. (..). Les frontières entourant ce qui mérite l’étiquette de journalisme sont rendues de plus en plus floues par l’abondance d’informations facilement accesssibles ».
On peut d’autre part penser que les pratiques médiatiques (au sens d’usages quantitatifs et qualitatifs des médias) jouent un rôle important par rapport aux questions que nous traitons.
Les rapports entre le temps des médias et celui de leurs destinataires sont essentiels. Comme le fait remarquer Andrea Semprini (Semprini 1997) il y a un double mouvement qui fait que les gens ont à la fois beaucoup moins de temps qu’avant, ce qui leur rend difficile des rendez vous fixes avec l’information. Le succès de France Info s’explique évidemment ainsi. Mais en même temps, grâce aux différents moyens de communication, ils peuvent être de plus en plus souvent en contact avec l’information. Les caractéristiques que nous avons précédemment évoquées : déhiérarchisation, neutralité, effacements énonciatifs se comprennent alors mieux.
Il faut sans doute ajouter, après avoir rappelé bien sûr que « l’ordinateur reste pour l’instant un média discriminé socialement » et dont la progression n’est pas comparable à celle de la radio et de la télévision à leurs débuts (La documentation française, 2000) que certains publics ont un usage de plus en plus diversifié des médias. Dans ce cas et à côté de la lecture d’un journal à médiation forte, une radio d’information en continu ou Internet seront, selon les opportunités de lieux et de temps, perçus comme de simples médias complémentaires où la médiation serait superflue.
La médiation inhérente aux médias
Si la baisse de la médiation sur Internet est comme nous l’avons vu à relativiser et à resituer à la fois par rapport à ce qui se passe sur les autres médias et par rapport aux représentations et pratiques des publics, on peut sans vouloir faire de prospective, se demander ce qui risque de se passer dans l’avenir.
Une première hypothèse forte consiste à considérer l’évolution des médias sous l’angle des hybridations. Plutôt que de croire à l’élimination d’un média par un autre, ou à sa toute puissance, ce que contredit bien sûr l’histoire des médias, il vaut mieux envisager les emprunts, les glissements, qui peuvent se faire de l’un à l’autre.
On peut par exemple penser avec Peter Dahlgren (Dahlgren 1998) que perdurera : « La tendance traditionnelle du journalisme de raconter des histoires ». Tendance « qui aide à remettre les évènements dans leur contexte » et qui représente donc bien une forme de médiation. Le même auteur considère cependant que « les histoires racontées par les journalistes se verront enrichies par un large flot d’informations électroniques », ce qui nous amènera à être « témoins de l’émergence de nouvelles formes plus spécialisées d’info journalisme ».
A côté de ce premier apect, il semble probable aussi que la forte ritualisation de la communication médiatique qui a mis en place des modèles et des cadres d’interprétation de la réalité, ne soit pas sur le point de décliner. On peut peut être risquer ici une hypothèse qui serait que la baisse de médiation que nous avons rencontrée sur Internet, plus qu’une originalité, serait le fait d’un média trop jeune pour avoir encore trouvé des dispositifs accomplis. A cet égard, il est frappant de constater que les concepteurs du e-learning ont d’abord cru pouvoir ignorer la médiation au profit d’une médiatisation des contenus. Ils ont finalement été obligés de faire marche arrière pour remettre au centre de leurs dispositifs, la médiation humaine.
Celle-ci est peut être finalement inhérente aux médias, si on considère ces derniers non pas comme de simples supports mais bien comme des instances qui offrent une capacité à construire l’information, à analyser les évènements et à les mettre en perspective.
L’autre versant serait celui de la transparence, du direct, du continu, mais on peut alors se demander s’il ne s’agit pas là d’un mythe entretenu par les promoteurs des nouveaux médias, dont Internet, plutôt que d’une réalité sociale et culturelle.
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