mardi 2 février 2010

L'information transnationale

Thierry Lancien
L’INFORMATION TRANSNATIONALE: Problèmes de conception et de réception.
In INFORMATION et DEMOCRATIE
Jean Mouchon, Françoise Massit-Folléa
ENS Editions, coll « Feuillets », 1997


Du globe à la carte

Les termes de globalisation ou de mondialisation qui renvoient à des doctrines et à des réalités économiques nouvelles (1) servent souvent aussi à désigner les mutations qui touchent, à travers les nouvelles technologies de transmission, la culture et l’information. Or dans le domaine qui va nous intéresser, celui de la nouvelle circulation de l’information rendue possible par les transmissions satellitaires, il est légitime de se demander si ces termes correspondent bien à une réalité ou s’il n’est pas préférable de désigner autrement ce qui peut être observé. Pour cela
il convient d’examiner comment les transmissions satellitaires présentent diverses configurations.

Les configurations géographiques

C’est depuis le milieu des années 8O que, dans beaucoup de pays, la télévision a cessé d’être une réalité fondamentalement nationale et quinze ans plus tard des centaines de millions de téléspectateurs accèdent au monde des chaînes satellitaires transnationales. Pour comprendre cette nouvelle réalité, il convient d’abord de l’aborder au niveau géographique et l’on constate alors vite qu’au delà des mythologies faciles du village global ou mondial les diffusions transnationales sont, en matière de territoires, relativement diversifiées. Nous distinguerons ici quatre configurations géographiques.
Tout d’abord certaines chaînes, comme CNN, ont une ambition planétaire et la chaîne lancée en 1980 par Ted Turner couvre aujourd’hui 142 pays et touche 133 millions de foyers. L’on rencontre ensuite une série de chaînes qui ont des vocations internationales qui peuvent présenter de sensibles variations (linguistiques, de programmes., de modes de diffusion). TV5 revendique la première place dans cet ensemble avec une réception dans 70 millions de foyers, grâce à huit satellites de transmission.
De son côté BBC Worlwide Television aurait une audience de 43 millions de foyers répartis dans les principaux continents, tandis que la chaîne allemande Deutsche Welle TV n’est reprise à l’heure actuelle que par un plus petit nombre de satellites. Cela étant, l’Allemagne participe aussi à la chaîne “Drei Sat”, sorte de TV5 germanophone qui associe les chaînes publiques allemandes ZDF et ARD ainsi que l’ORF (Autriche) et la SSR (Suisse). A côté de ces chaînes à vocation internationale, d’autres chaînes ciblent des zones géographiques bien précises. Un bon exemple en est la chaîne espagnole Hispavision qui diffuse en clair, à raison de six heures par jour, un programme spécifiquement destiné au continent américain et dont l’audience serait de 83 millions de foyers. L’on pourrait aussi classer dans cette catégorie, même si les “bassins” et les audiences visés sont beaucoup moins importants, les chaînes qui s’adressent à des diasporas en Europe (chaînes turques sur les deux satellites Eutelsat, polonaises sur Eutelsat 2F1, marocaine ou algérienne sur Eutelsat 2F3) ou dans le monde (chaîne irlandaise s’adressant aux Irlandais de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et d’Australie) Enfin la quatrième configuration correspondrait aux chaînes qui prétendent avoir en commun et, en fonction de leur identité, une vocation géographique particulière. C’est le cas bien sûr de l’Europe et il peut alors s’agir, soit de regroupements autour d’intérêts communs, soit de mise en place de chaînes pan-européennes. Dans le premier cas, les chaînes satellitaires des services publics européens (TV5, Deutsche Welle, BBC World Rai Sat, RTVE1, RTPI, Arte) se sont par exemple regroupées depuis 1991 dans une instance de concertation baptisée “groupe de Bruges” pour tenter de résoudre un certain nombre de problèmes communs, tandis que dans le deuxième cas, Euronews représente la tentative de proposer une télévision européenne transnationale alimentée par les différents programmes d’information des dix sept pays membres, tandis qu’Arte, pour le moment bi-culturelle, cherche à construire une télévision culturelle européenne.
Si ce premier inventaire ou cette première “carte” réalisés à partir de critères géographiques n’épuisent évidemment pas le sujet et en appellent au contraire d’autres, réalisés à partir de critères complémentaires (notamment linguistiques et thématiques), ils permettent tout de même de remarquer que les flux d’échanges sont plus diversifiés que ne voudraient le faire croire ceux qui dénoncent la mondialisation de l’information et que du même coup les notions d’impérialisme, médiatique et de dépendance culturelle sont à repenser. En ce qui concerne l’information, l’on notera qu’une certaine polarisation des débats autour de l’information américaine et plus particulièrement de CNN revient à ignorer la diversification des flux informatifs qu’évoque le panorama proposé. Il ne s’agit pas pour autant d’ignorer (mais c’est une autre question que nous aborderons ultérieurement) que les modèles de CNN peuvent exercer une influence sur l’information transnationale ou encore que les sources de l’information sont en grande partie occidentales.

Les configurations linguistiques

A côté des quatre grandes configurations géographiques évoquées précédemment, il nous semble qu’on peut repérer six configurations linguistiques transnationales: les chaînes en langue étrangère (CNN), les chaînes véhiculant ce qu’on appelle dans le cadre de la francophonie une “langue de partage” (TV5, Drei Sat, BBC), les chaînes traduites dans une langue cible (Discovery Channel, NBC traduites par exemple dans les langues européennes de réception), les chaînes doublées (Eurosport), les chaînes bilingues (Arte) et enfin les chaînes en langue maternelle (chaînes de diaspora).
Là encore, on comprendra facilement combien le facteur linguistique peut être important dans la fabrication de l’information comme dans sa réception et nous reviendrons sur cette question notamment pour ce qui concerne trois de ces configurations. Il faut aussi noter dans ce domaine d’intéressantes évolutions. Il semble en effet comme le signale François Mariet (2), que les médias internationaux ont cessé d’être indifférents aux aires linguistiques dans lesquelles ils sont diffusés et ont donc recours à la traduction voire à l’adaptation et à la réécriture (Discovery Channel) ou plus simplement au doublage. Là encore, les visions quelque peu simplificatrices de l’impérialisme linguistique sont donc à revoir, d’autant plus que les progrés technologiques permettront de proposer de plus en plus souvent des versions multilingues numérisées.

Les configurations thématiques et économiques

S’il existe des chaînes généralistes transnationales à vocation internationale (TV5. BBC), à vocation plus continentale (TV3 chaîne privée généraliste scandinave diffusée sur l’Europe du Nord par Astra) ou simplement à vocation tranfrontalière (France 2, TF1 sur Telecom 2B), la tendance à proposer des chaînes thématiques transnationales semble se confirmer. Les meilleurs exemples pour l’Europe en sont sans doute Discovery Channel (chaîne documentaire américaine ), MTV Europe (chaîne musicale britannique sur Astra) ou encore Eurosport (Astra 1B). A ce phénomène l’on peut trouver deux explications d’ailleurs complémentaires.
La première serait que la diversité culturelle des pays de réception rendrait plus difficile l’assimilation par des publics nationaux de chaînes généralistes que de chaînes thématiques. La seconde résiderait quant à elle dans le fait que, comme le montrent un certain nombre d’enquêtes, les téléspectateurs de pays largement ouverts aux réceptions transnationales (Europe du Nord) restent trés attachés à leurs chaînes généralistes nationales et n’ont donc recours à des chaînes tranfrontalières que pour répondre à des besoins plus spécifiques.
En ce qui concerne l’information, on peut tout d’abord remarquer qu’elle est fortement présente sur les chaînes à vocation internationale (30% sur TV5, 70% sur BBC, 34% sur Deutsche Welle TV) et qu’elle tend à devenir pour ces mêmes chaînes un enjeu plus spécifique. Ainsi BBC propose en Europe une chaîne d’information (BBC World sur Eutelsat) tandis que Francis Balle, chargé d’un rapport sur la politique audiovisuelle extérieure de la France (3) préconise, comme nous le verrons plus loin que l’on dédouble TV5 Dans le domaine des chaînes thématiques, l’on assiste aussi à une percée de l’information. Euronews, lancée en 1993 et diffusée par Eutelsat, revendique une audience de vingt millions de foyers sur l’Europe et devrait faire partie trés bientôt du bouquet numérique TPS. D’autres chaînes d’information qui ont d’abord une visée nationale peuvent être reçues de manière tranfrontralière grâce aux satellites qui les transportent (Ntv en Allemagne, LCI en France et Sky News en Grande-Bretagne).
Le développement des chaînes thématiques a des incidences sur le plan économique mais ausssi sur celui des usages. Comme le note François Mariet (4) ces “médias moins généralistes sont plus facilement vendus” et ils créent aussi une “dispersion et une atomisation” des publics de même qu’une individualisation des usages.

En donnant par exemple la possibilité au téléspectateur de choisir dans un sommaire les sujets d’actualité qu’il souhaite regarder, CNN et ACTV sont trés certainement en train de transformer l’information aussi bien au niveau de son émission/conception qu’au niveau de sa réception.

Le fait que les réceptions satellitaires ou câblées permettent comme nous venons de le voir la circulation de flux diversifiés en termes géographiques, linguistiques et thématiques nous amène à penser qu’il est préférable de parler de transnationalisation de l’information plutôt que de globalisation ou de mondialisation. Cela ne veut pas dire que nous ne prenions pas en compte une autre notion, celle d’ordre mondial de l’information (5) qui renvoie à la question du déséquilibre des flux (de dépêches, de programmes). Mais écarter les termes évoqués c’est ne pas “retenir l’idée de la fatalité de la monoculture” (6) et chercher à examiner si, dans le cadre de certaines des configurations qui viennent d’être évoquées, il peut exister des catégories d’information transnationale présentant certaines spécificités.
Nous allons donc examiner ce que peut être une information transnationale tant au niveau de ses choix informatifs que de ses caractéristiques discursives, en considérant les cas d’une chaîne planétaire (CNN), celui d’une chaîne internationale dans une langue dite de partage (TV5) et enfin celui d’ARTE, chaîne bi-culturelle. La perspective ici adoptée n’est pas celle d’un travail sur corpus mais celle qui consiste, à partir d’un certain nombre de constatations, à proposer des hypothèses qui seraient ensuite à étayer par des travaux adaptés.

Les conditions de la conception

Si tout média d’information met en place des univers de référence en choisissant des faits et des événements qui vont devenir pour lui des informations (en fonction de divers paramètres: sources, environnement médiatique, représentation des centres d’intérêt du destinataire), il est intéressant d’examiner quelles caractéristiques présentent à cet égard les trois chaînes transnationales considérées.

Dans sa visée planétaire, donc sans frontières et sans limites, pas plus géographiques que temporelles, CNN prétend pouvoir couvrir tous les événements du monde. Comme l’a bien remarqué Dominique Wolton (7), un tel parti pris tend à abolir la distinction entre fait et information (sur laquelle est fondée pour lui, depuis le 18e siècle, la philosophie politique) et à considérer que “tout peut être transmis, que tout événement peut devenir un fait d’information”. L’ information semblerait du même coup se nier elle même puisqu’aucun critère, aucune limite ne viendraient la constituer, la fonder. Les choses ne sont évidemment pas aussi simples puisque la focalisation totale de cette chaîne autour de certains événements (Guerre du Golfe) vient nous rappeler que l’information y correspond bien sûr alors à des choix politiques, idéologiques et culturels. L’information planétaire serait donc doublement mythique, d’abord parce qu’un fait ou un événement ne peuvent devenir une information que par rapport à des contextes de réception donnés (qui permettent de choisir, classer, hiérarchiser les informations), ensuite parce que l’informateur planétaire désincarné n’existe pas.

Il semble d’ailleurs que bien des téléspectateurs l’aient compris et que CNN en ait été sanctionnée puisque la chaîne s’oriente vers des politiques plus régionales ou encore, comme nous le signalions précédemment, individualise ses services, ce qui revient à réintroduire le récepteur et ses singularités dans le choix des informations.
Dans son rapport au temps, CNN joue aussi sur des illusions. Celle de l’information en continue d’abord (“Our World News coverage is global, 7 days a week, 24 hours a day”) (8) qui consiste à faire croire que le qualitatif est lié au quantitatif et que plus on est informés, mieux on est informés. Là encore Dominique Wolton (9) a bien insisté sur le fait que trop d’information finissait par tuer l’information, ce qui n’empêche pas d’autres chaînes, comme nous le verrons tout à l’heure avec TV5, de s’orienter vers cette formule Nous n’aborderons pas en détail le problème du direct qui a largement été analysé, sauf à signaler que l’illusion proposée rejoint ici celle de l’information planétaire. En valorisant l’événement par rapport à l’information, le direct permet à CNN de faire croire à une universalité de l’événement, ce qui résoudrait du même coup les problèmes de son interprétation par un public planétaire.

Aux ambitions planétaires de CNN, font écho les ambitions francophones internationales de TV5 et il est intéressant d’examiner comment cette visée se traduit au niveau de l’information et en induit certaines caractéristiques S’il convient de noter que la place de l’information n’a cessé de grandir sur TV5 depuis sa création en 1984, il faut aussi observer que celle-ci a été depuis le début et demeure objet de débats. Le premier de ceux-ci touchait à l’identité même de la chaîne et donc de son information, puisque certains responsables dont Michel Péricard, auteur en 1987 d’un rapport sur l’audiovisuel de la France, prônait une chaîne française internationale plutôt qu’une chaîne regroupant, comme l’actuelle TV5, des partenaires francophones.

Les récents propos du ministre de la culture évoquant la nécessité de concurrencer CNN, grâce à une chaîne française d’informations en continu, font évidemment écho à cet ordre de préoccupation et montrent que ce type de débat n’est pas clos. Cela étant, et une fois que le principe d’un consortium regroupant au sein de TV5 des pays francophones n’ a plus été remis en cause, un autre débat récurrent a porté sur le type d’information diffusée par la chaîne. Pendant toute une période celle-ci s’est caractérisée par la mise bout à bout de différents journaux télévisés des pays membres (Belgique, Canada, France, Suisse) et Florence Gaillard (10) pouvait noter à juste titre que comme d’autres, les émissions d’information venaient constamment rappeler au téléspectateur que les émissions qu’il regardait avaient été réalisées “par et pour d’autres que lui” et elle en dégageait la notion de “téléspectateur tiers” qui assiste “en tierce personne à un spectacle télévisuel qui n’a pas été fait pour lui”. Les choses ont changé depuis avec l’apparition d’un journal télévisé, réalisé par la chaîne (le 18h30, en direct et qui dure 25 minutes), privilégiant l’information internationale et au cours duquel l’actualité est commentée pendant dix minutes par un invité. D’autre part depuis 1992, quatre flashes regroupant audio, photos et cartes du service cartographique de l’AFP traitent plus particulièrement de l’actualité dans les grandes zones géographiques qui reçoivent TV5. Si la chaîne a donc cherché ainsi à prendre en compte son récepteur francophone et international et à en faire, à côté d’une “tierce personne”, un destinataire à part entière, la formule ne semble pas pour autant satisfaire. Dans une interview au Monde (11), Patrick Imhaus, Président de la chaîne, signalait que de plus en plus de téléspectateurs, notamment dans les pays de l’Est, dénoncaient l’inadaptation des journaux télévisés nationaux proposés par TV5 et songeait du même coup à la conception “d’un journal francophone traitant de l’international” avec des journalistes belges, suisses et africains.

Le rapport remis par Francis Balle (12) en mars 96 va plus loin encore puisqu’il recommande la création d’une chaîne (parallèlement à TV5 Europe numérique) centrée sur l’information avec un journal spécialement conçu pour l’étranger, remis à jour et diffusé toutes les trois heures.
Le recours à différentes formules (mise bout à bout de journaux télévisés francophones occidentaux, flashes traitant de l’international en infographie et journal réalisé par la chaîne avec un point de vue international) montre bien à travers cette hétérogénéité que TV5 a du mal à construire une information francophone. Ceci s’explique sans doute en grande partie par le fait que peu d’images télévisées lui viennent d’un certain nombre de pays francophones (Afrique, Asie) et nous rencontrons donc à nouveau la question déjà abordée de l’ordre mondial de l’information.

De l’échelle planétaire, puis de celle délimitée par une langue de partage, passons maintenant à celle de deux pays pour examiner comment, dans son projet transnational et bi-culturel, Arte conçoit l’information. Comme pour TV5, on constatera tout d’abord que l’information n’a cessé de prendre de l’importance sur cette chaîne. Lorsque la chaîne a été lancée, il n’était pas même question de réaliser un journal télévisé mais de rediffuser Euronews. L’enjeu européen de la chaîne semblait donc passer par le culturel plus que par l’information. Il est intéressant de noter que cette vision des choses a changé puisqu’ à côté du “8 et demi”, la chaîne a multiplié les rendez vous d’information, les plus récents étant le “7 et demi” lancé en janvier 96 et “Reportage”, enquête de vingt six minutes traitant chaque semaine d’un sujet d’actualité internationale. Nous ne retiendrons pourtant que le “ 8 et demi”, en tentant d’examiner comment les responsables de ce journal construisent une information, en prenant en compte la question des référents européens et celle d’un double public, français et allemand, la chaîne venant tout juste de s’élargir à un partenariat italien.

Si l’information du “8 et demi” se répartit autour de trois grands domaines de référence (un tiers d’informations culturelles, un tiers d’informations internationales et un tiers d’informations européennes et franco-allemandes) ce sont d’aprés une journaliste du “8 et demi” (13) les référents culturels qui posent le moins de problèmes car selon elle “la culture est facilement européenne et sans frontières”, notamment grâce aux spectacles et aux expositions qui circulent d’un pays à un autre. Les informations internationales elles seraient choisies dans la mesure où elles présentent un certain degré d’implication et de répercusssion pour l’Europe. Ces critères ne semblent pourtant pas suffisants puisque comme le signale Sophie Rosenzweig, le journaliste doit aussi prendre en compte le fait que le récepteur est double et que la plupart du temps il a regardé des journaux nationaux avant de regarder le JT d’Arte. La “couverture” internationale étant selon elle plus importante sur les JT allemands que sur les JT français, les journalistes du “Huit et demi” sont donc obligés de choisir un point de vue “décalé” et “original” sur ces informations. De la même façon, ce sont la focalisation, l’angle adoptés qui vont être déterminants dans le traitement des référents européens. Si l’information relative à l’Europe ne prend pas grand sens à travers une simple énumération d’événements européens, façon chaînes nationales (14), ou une simple mise bout à bout d’informations concernant chacun des pays membres, façon Euronews, il faut trouver, au delà de l’information, un point de vue sur celle-ci qui permette de l’introduire dans une dynamique de compréhension transnationale par déplacement, jeux de miroirs ou de différences. Le “8 et demi” tente ce type d’approche à travers la comparaison (les récentes affaires de corruption françaises ont été comparées à celles survenues en Allemagne et en Italie), le déplacement (on observe la crise de la vahe folle non plus de France ou d’Allemagne mais de Hollande) et d’autres procédés qu’il serait intéressant de répertorier. Ce parti pris du point de vue en quelque sorte décentré va à l’encontre des thèses de Dominique Wolton (15) pour qui “c’est en regardant de chez soi, c’est à dire à partir de sa propre culture et de son identité nationale que l’on pourra progressivement admettre l’existence et l’intérêt des autres et donc de l’Europe”. Cela étant, si le “8 et demi” réussit à proposer un vrai point de vue sur l’information et donc à innover dans le domaine qui nous intéresse, il reste un “journal de complément” de l’aveu même de ses auteurs et ceux-ci ne croient qu’en une évolution lente des rapports entre information télévisée et contexte européen.

Si les chaînes transnationales présentent à travers leurs choix d’information et leur découpage du réel une vision du monde, elles tiennent aussi sur celui-ci des discours qui sont évidemment à prendre en considération. Le sujet étant vaste, nous nous contenterons d’ évoquer seulement deux de ses aspects qui revêtent une importance particulière dans le cas de chaînes transnationales et par rapport à la problématique de la réception que nous évoquerons plus loin.

La primauté de l’image

L’importance accordée aux images par les trois chaînes (Journal tout en images d’Arte, Flashes en images de TV5, direct et continu sur CNN) relève bien sûr du fait que leurs responsables considèrent, qu’en matière de diffusion internationale, l’image véhicule plus facilement et plus universellement de l’information que ne le ferait le texte, même traduit. Il faut bien sûr faire remarquer qu’il s’agit là d’une double illusion. En effet, d’un côté ces images sont largement standardisées puisque comme le note Marlène Coulomb-Gully (16), elles émanent d’une même source, par exemple l’UER qui fournit des images à soixante dix huit pays et sont du même coup extrêmement pauvres référentiellement, de l’autre elles posent évidemment des problèmes de réception notamment dans les pays non occidentaux puisque l’on sait bien que l’universalité de l’image n’existe pas et que son interprétation dépend des contextes dans lesquels elle est reçue.

Enonciation et médiation

L’on doit ensuite se demander si la primauté accordée à l’image dans ces journaux transnationaux (à des degrés certes divers), revient à effacer les marques d’énonciation ainsi que la médiation pour optimaliser la réception. Dans le cas d’Arte, il est clair que le “tout images” suppose évidemment la disparition du présentateur et de sa médiation, ce qui, comme le note bien Jean-Michel Utard (17), revient à trouver une réponse aux “différences entre les habitudes culturelles des publics allemands et français “ puisque les premiers préfèrent une présence réduite du présentateur, tandis que pour les seconds, l’information passe par une présence forte de la médiation. Si, comme le note aussi Utard, les marques d’énonciation sont le plus souvent effacées (pas de signature des sujets, pas de hiérarchisation de l’information), celle ci est pourtant à nouveau présente dans les titres qui prennent fortement en compte le public cible avec des traductions qui diffèrent d’une langue à l’autre et révélent donc un point de vue. Pour toucher plus facilement un public bi-culturel, Arte semble donc instaurer un jeu subtil entre présence et effacement de l’énonciation.
La présence du présentateur sur CNN s’inscrit quant à elle et comme l’a bien vu Marlène Coulomb-Gully dans une “mise en scène énonciative “ qui culmine avec le direct et le duplex et qui consiste à chercher à authentifier en permanence l’information. Est ce à dire pour autant et comme elle le fait que l’énoncé (par exemple pendant la guerre du Golfe) en est complètement dévalué, ce n’est pas le point de vue de Jocelyne Arquembourg (18) qui considère que CNN met en place des “modèles d’énonciation fondés sur la confrontation des témoignages” et que le présentateur a une “fonction arbitrale” située “au carrefour de tous les discours”.
Bien d’autres exemples que celui de la guerre du Golfe pourraient être cités pour confirmer cette interprétation et il semble donc que le jeu énonciatif sur CNN, en n’étant pas trop marqué et en remplissant un double rôle d’authentification et d’arbitrage, cherche à ménager une réception qui puisse être la plus internationale possible
La situation est fort différente sur TV5 où l’énonciation est sous le signe de l’hétérogénéité comme c’était déjà le cas pour les choix informatifs ou pour le rapport à l’image. En effet lorsque la chaîne présente des flashes en infographie accompagnés de titres trés référentiels et neutres, les marques énonciatives sont volontairement effacées alors qu’on va retrouver dans les JT des chaînes nationales une présence importante de l’énonciation (présence d’un présentateur et d’autres sources énonciatives) et surtout dans le journal télévisé de 18h30 réalisé par la chaîne, une médiation trés forte. En effet, non seulement ce Jt est présenté mais les informations sont en plus commentées par un invité, souvent étranger ou expert en international, qui est donc en quelque sorte censé représenter le destinataire du JT. En dehors de la deuxième formule, celle des JT nationaux qui est on l’a noté critiquée et que la chaîne compte abandonner, TV5 chercherait donc à atteindre son téléspectateur international soit en effaçant le plus possible l’énonciation, soit en assumant au contraire pleinement la médiation pour lui rendre l’information plus compréhensible Il sera intéressant de voir ce que deviendront ces choix dans la prochaine formule de JT international de TV5.

Aprés avoir examiné trois types d’information transnationale, il est possible de faire deux grandes constatations. Nos exemples montrent bien tout d’abord que dans ce domaine la cohérence de l’information dépend du public visé. Plus ce public est ciblé (cas d’Arte) et plus l’information repose sur de véritables choix qui permettent de proposer un point de vue sur celle-ci. Inversement, plus il est indifférencié (CNN) et plus l’information se dilue dans des simulacres (direct et information en continu). Pour ce qui est des mises en discours, l’information transnationale semble poser un problème encore plus compliqué que les trois chaînes cherchent à résoudre en donnant la primauté à l’image et en instaurant une espéce de va et vient énonciatif que nous aurons à prendre compte plus loin en termes de réception.

Les conditions de la réception

Aprés avoir constaté combien il était difficile (dans des proportions qui varient certes selon les trois types de chaînes) de mettre en place une information transnationale, il convient maintenant d’examiner quels sont les problèmes q’un tel type d’information peut poser au niveau de sa réception. Nous voudrions pour cela distinguer deux notions, celle de partage de l’information et celle de réception interculturelle.

Le partage d’information

Partager une information, c’est avoir en commun entre émetteurs et récepteurs un certain nombre de valeurs, de préoccupations et de pôles d’intérêt et l’on touche là du même coup à la délicate question de l’identité dans ses rapports avec l’information transnationale. Nous avons vu précédemment comment l’information des trois chaînes évoquées était confrontée à ce problème. Dans le cas de CNN, il semble bien en effet que ce soit un partage difficile, même au niveau occidental, qui amène la chaîne à recibler des zones plus homogènes en termes d’identité. Pour TV5 et Arte, il serait sans doute intéressant de distinguer ce qui serait du domaine du “partage acquis” ou du “partage à construire”. Dans le cas de TV5, ce qui est visé c’est le partage de l’information grâce à une série de référents de différents ordres (politiques, culturels, linguistiques) qui seraient communs à la francophonie et qui seraient à entretenir grâce à la télévision transnationale. Il est difficile dans ce cas de savoir si l’’échec partiel de l’information que nous avons constaté vient de son contexte de réception trop hétérogène ou plutôt de l’impossibilité pour elle de donner la parole (au niveau de l’émission) aux différents partenaires de cet espace francophone.
Pour Arte enfin il s’agit non pas simplement d’entretenir mais de construire, de favoriser la mise en place de valeurs partagées, de références communes.
L’on sait que cette question est à l’origine d’un débat qui oppose ceux qui, comme Dominique Wolton (19) pensent que l’identité européenne ne peut être envisagée qu’à partir d’identités nationales fortes que les télévisions nationales concourent à forger à ceux qui croient (20) qu’une télévison européenne peut au contraire aider à l’émergence d’identités plus larges.
Il semble bien en fait qu’on assiste à un double phénomène, celui de l’apparition de “partages d’information” transnationaux et celui de redistributions de “partages d’information” nationaux.
En ce qui concerne les partages d’information transnationaux, il est intéressant de noter que, comme le montre une enquête menée en 1995 (21), les téléspectateurs d’Arte présentent dans les deux pays de nombreux points communs “en termes de caractéristiques socio-démographiques, de pratiques culturelles et d’attitudes vis à vis de la construction européenne”. L’information bi-culturelle est donc ici partagée grâce à des valeurs et à des représentations communes chez les téléspectateurs.
Evolution transnationale donc, mais aussi évolution dans un cadre national. Geneviève Zarate (22) a raison de souligner que la “frontière culturelle n’est pas exclusivement celle des nations et des cartes de géographie” et qu’à l’intérieur d’une “même communauté nationale, on est toujours l’étranger de quelqu’un”. Un tel constat est à notre avis à prendre en compte pour les télévisions nationales et leurs journaux télévisés quand on sait que ceux-ci ont avant tout été le ciment des classes moyennes et que la représentation de certaines catégories sociales en est exclue (23). Du même coup il est difficile d’envisager un territoire national comme une “zone de partage d’information” toujours homogène, surtout quand on constate comme on peut le faire aujourd’hui, qu’à travers les réceptions satellitaires, beaucoup d’immigrés cherchent un contact identitaire au delà des journaux télévisés nationaux.(24)
Si majoritairement comme le prouvent des sondages effectués en Europe du Nord, la préférence des téléspectateurs continue à aller aux journaux nationaux, on peut donc néammoins penser, en fonction de ce qui vient d’être dit, que l’information transnationale trouvera de plus en plus souvent dans l’avenir des configurations diverses de réception partagée. L’information transnationale serait ainsi amenée à redessiner des frontières autour de contextes, d’espaces au sein desquels le partage de l’information se ferait par exemple à partir d’identités socio-professionnelles (hommes d’affaires regardant CNN et de centres d’intérêt politiques et culturels (Arte, Euronews).

La réception interculturelle

A côté d’un premier type d’information transnationale qui trouverait donc sa réception optimale en s’inscrivant dans un contexte de partage, il faut se demander quels problèmes vont poser, en termes de réception, d’autres flux d’informations qui ont eux pour caractéristique de ne pas viser des publics précis (chaînes d’information émettant par satellite sur des pays voisins: LCI pour la France, Sky News pour l’Angleterre; chaînes américaines sur les nouveaux “bouquets” numériques européens). La question importante étant alors de savoir si ces chaînes vont permettre une ouverture interculturelle. Si Pierre Moeglin (25) a raison de signaler que la familiarisation avec des réalités étrangères ne se fait pas spontanément et que, comme d’ailleurs dans le domaine linguistique, il faut que le téléspectateur ait un projet et une démarche pour profiter de ces chaînes, il faut aussi remarquer que ce projet ne sera possible que si les caractéristiques de l’information télévisée le permettent.

En ce qui concerne l’information elle-même, on notera tout d’abord que sa réception peut être facilitée par toute une série de référents qu’ont en commun un grand nombre de pays occidentaux. Cela ne suffit pas pour autant à fonder une réception interculturelle. Celle-ci dépendra en effet de la capacité du téléspectateur à comprendre quels sont, par rapport à ces référents communs, les enjeux politiques, économiques, les rapports symboliques du pays de la chaîne émettrice. De la reconnaissance, il faut donc passer à l’interprétation. et l’on peut se demander comme nous le verrons ci-dessous si les journaux télévisés sont un bon lieu de médiation pour cela.
Louis Porcher (26) distingue utilement le “transculturel” du “patrimonial” et il est évident que le problème rencontré au niveau du “transculturel” va être encore plus aigu au niveau du “patrimonial” véhiculé par une chaîne reçue à l’étranger. En effet toute la question est alors de savoir comment un téléspectateur étranger va pouvoir reconnaître puis interpréter des informations qui ne s’inscrivent pas pour lui dans un contexte référentiel susceptible de les éclairer. Comment dés lors percevoir les implicites autour desquels s’organise une société et que les médias véhiculent fortement, comment repérer les stéréotypes qui simplifient et généralisent mais qui ont une fonction de reconnaissance pour un groupe donné, comment décoder des discours allusifs si l’on n’a pas les clefs pour le faire ?

Celles-ci seraient elles fournies par les différents niveaux de traitement de l’information que sont la mise en images, le dispositif et les mises en discours?
Pour l’image, la situation est en fait paradoxale. D’un côté en effet des images émanant d’un trés petit nombre de sources et donc largement banalisées et vidées de charge référentielle, de l’autre des images proposées par les chaînes nationales et qui fonctionnent souvent sur le mode allusif, métonymique, emblématique ou à partir de simples indices et sont donc difficilement décodables par un téléspectateur étranger. L’on a pu remarquer aussi que dans beaucoup de reportages, l’importance donnée aux acteurs (que ce soit les hommes politiques ou les acteurs de différents types d’événements) plus qu’aux causes et aux effets, accentue la faiblesse explicative de ces documents. La formule du “tout en images”, évoquée précédemment et qui est de plus en plus souvent adoptée, ne vient en rien simplifier les problèmes de réception. Ce qui la justifie en effet, c’est l’idée, bien sûr en grande partie fausse, que l’image serait plus universelle que les discours qui l’accompagnent.

En termes de réception interculturelle, les dispositifs semblent eux aussi problématiques. Ou bien ils sont limités (absence de présentateur, médiation simplement assurée par le paratexte) et la formule ne permet pas alors de passer par un point de vue sur l’information Ou bien ils sont plus importants (présence d’un présentateur, d’énonciateurs secondaires) et ils posent alors comme on l’a bien vu avec Arte des problèmes culturels de rapport à la médiation. Les rôles dévolus au présentateur variant en effet trés sensiblement entre des pays comme l’Allemagne, la France ou la Grande Bretagne.

Enfin les mises en discours soulèvent elles aussi de nombreux problèmes de décodage culturel. Au niveau macro-discursif tout d’abord, on remarquera que les modèles retenus peuvent varier d’un pays à un autre et que des mises en forme de l’information comme les scripts ou les scénarisations (27) créent des représentations du réel qui, non seulement ne sont pas forcément partagées per différentes cultures et qui d’autre part tendent à pervertir celui-ci. Lorsque l’on rapproche cette question de celle du contexte, on remarque d’ailleurs que plus les modèles proposés sont déconnectés d’un contexte référentiel et plus ils ont chez le téléspectateur étranger un effet “fictionnalisant”.
Au niveau plus spécifiquement linguistique il semble que la forte présence dans certains JT de discours métaphorique, analogique, allusif et stéréotypé risque de poser bien des problèmes de décodage y compris à un téléspectateur qui maîtrise la langue véhiculée. Souvent le téléspectateur étranger rencontrera même de simples problèmes d’identification puisque comme cela a été bien montré, plus un référent est prévisible pour un public donné et moins il est nécessaire d’utiliser de mots pour son identification. C’est ainsi que de simples patronymes, voire des prénoms vont renvoyer à des personnalités politiques importantes que le téléspectateur étranger, faute de contexte, ne pourra pas reconnaitre.

Si l’information transnationale peut donc trouver tout son sens dans des zones que nous avons appelées de “partage d’information”, elle serait par contre en partie inapte à favoriser pour les autres contextes une ouverture interculturelle. Cette affirmation reste pourtant d’ordre trés général car il faudrait pouvoir affiner cette question en différenciant les publics par catégories socio-professionnelles, habitudes culturelles, et représentations de l’étranger et l’on constaterait sûrement que pour certains publics les journaux transnationaux vont être plus facilement décodables que pour d’autres.

A travers la diversification des configurations de transmissions satellitaires (nouveaux ciblages géographiques, linguistiques et thématiques), à travers les difficultés constatées au niveau de la conception (importance des choix informatifs et discursifs en fonction des destinataires) et de la réception (dimension décisive des contextes de réception), ce sont en tout cas bien les publics dans leurs diversités culturelles qui sont au centre de la question de l’information transnationale.
Thierry Lancien


(1) voir notamment Mattelart A, La mondialisation de la communication, pge 81, Coll Que Sais Je?, Paris, PUF, 1996
(2) Mariet F, Médias des sociétés, sociétés des médias. Dix thèses sur l’évolution des cultures médiatiques in Cultures, Culture, Le Français dans le Monde, Janvier 1999.
(3) Balle, F. La politique audiovisuelle extérieure de la France, Rapport au Ministère des Affaires Etrangères, Paris, La Documentation Française, 1996
(4) voir note 2
(5) voir sur cette question: Mattelart, cité en note 1, pge 72 et Miège B, La pensée communicationnelle, pge 46, Grenoble, PUG, 1995
(6) voir note 1
(7) Wolton D,. Wargame. L’information et la guerre. Paris. Flammarion. 1991
(8) Publicité de CNN. International Herald tribune. October 23, 1995
(9) voir note 7
(10) Gaillard, F. TV5 Europe, une nouvelle race de télévision in Mediaspouvoirs , n°21. février/mars 1991
(11) Le Monde. Jeudi 2 Février 1995
(12) voir note 3
(13) voir entretien avec Sophie Rosenzweig. Th.Lancien. Le Français dans le monde . Février 1997
(14) Lange A, Descartes, c’est la Hollande. La communauté européenne: culture et audiovisuel in Enjeux Européens de la communication, Quaderni n°19, 1993
(15) Wolton D, La télévision européenne en question in Télévisions en Europe, Mediaspouvoirs, n°20. Novembre/Décembre 1990
(16) Coulomb-Gully M,Les informations télévisées, coll Que Sais Je? Paris. PUF. 1995
(17) Utard J.M, Arte ou les regards croisés in Les sciences de l’information et de la communication, Colloque de Toulouse, 1994
(18) Arquembourg, J. Information en temps de guerre in De la gazette à CNN, les gestes d’informer. Bulletin du Certeic, n°215. Etudes de communication. Lille.Université Charles de Gaulle. Lille 3 1994
(19) voir note 15
(20) voir note 14
(21) Schroeder M, Hameau C, Arte en 1995, Bilan, enjeux et perspectives in MédiasPouvoirs n°39-40, 1995
(22) Zarate G, Enseigner une culture étrangère, Paris, Hachette,
(23) Le Diberder A, Espace troublé, espace troué in Miège (dir) Médias et communication en Europe, Grenoble, Pug, 1990
(24) Rouard D, Les paraboles de l’exil, Le Monde, 30 décembre 1996
(25) Moeglin P, Diffusion satellitaire: Vers une ouverture interculturelle par la télévision? in Cultures, Culture (voir note 2)
(26) Porcher L, Télévision , culture, éducation, Paris, Colin, 1994
(27) voir les travaux de Gérard Leblanc notamment: Information et modèles scénaristiques in MédiasPouvoirs n°39-40, 1995




















TL

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire